Je me présente à vous

[Veganista]

Bonjour à tous,

J'ai 25 ans dans une semaine, je vis dans le Nord Pas-de-Calais et je suis comme vous vous en doutez asexuelle. Cela ne fait que depuis un mois que j'ai mis un mot sur ce que je suis.

Je tiens à préciser que je suis neuroatypique (cela a son importance pour bien comprendre certains passages de mon histoire).


J'ai vécu des relations amoureuses très douloureuses avec des hommes non-asexuels. Je n'ai jamais été attirée par l'acte sexuel qui m'a toujours paru être une corvée et on m'a beaucoup quitté en raison de cette absence de désir. Les ruptures sont des choses très difficiles pour moi car en raison de ma pathologie je suis hypersensible à l’extrême et j'ai une peur panique de l'abandon. C'est cette peur d'être abandonnée par ceux que j'aime qui par la suite m'a poussé à me forcer pour ne pas perdre leur amour et donc en quelque sorte à ne pas me respecter, à m'auto-violenter.

/!\ Attention, ce passage de mon récit contient des choses très sombres. Personnes sensibles sautez ce paragraphe /!\
Puis je suis tombé sur un homme qui m'a fait vivre un enfer littéralement. Au début je me forçais tous les jours, puis je me suis mise à dire non de plus en plus souvent. De tous les jours c'est passé à une fois par semaine et c'est là qu'il a commencé à me torturer psychologiquement. Il cherchait sur internet et divers forums tout un tas "d'arguments" pour me persuader que je devais "passer à la casserole". Cela allait de la moyenne du nombre de coït par semaine, à des messages de gens se plaignant que leur conjoint-e ne voulait pas le faire plus de X fois par jours. En bref tout pour que je culpabilise, me faire comprendre que j'étais la méchante, et que je devais faire des efforts pour être "dans la norme". Je finissais par céder et je pleurais pendant et après. De fil en aiguille cela m'a mené à des phases dépressives les plus intenses de ma coutre existence ainsi qu'à une tentative de suicide, raison pour laquelle il m'a quitté. Si j'arrive à en parler aujourd'hui c'est seulement grâce à plusieurs années de thérapie mais la souffrance n'a pas disparue, c'est l'estomac noué et la boule dans la gorge que je vous écrit tout ça.


Si au départ j'étais plus dans l'inintérêt, le fait de me forcer pour satisfaire l'autre et surtout d'être forcée par l'autre m'a amené jusqu'à un dégoût pur et simple de la chose.

Voilà pour le passé, passons maintenant au présent.
Je suis en couple depuis un peu plus de trois ans avec un homme que j'aime vraiment à la folie. Dans la vie quotidienne cela se passe très bien entre nous mais voilà forcement niveau sexualité ça bloque. Il est très patient et respectueux mais comme toute personne non-asexuelle il a des envies que je ne partage pas. Les compromis sont difficiles car de mon coté je suis encore dans le dégoût même si je fais des "efforts". Pour lui amour et sexe sont très liés et il me demande souvent si je l'aime vraiment, je sens qu'il souffre de la situation et a du mal à comprendre. De mon coté forcement je culpabilise de ne pas lui apporter cette "preuve d'amour" qui lui manque et j'angoisse beaucoup qu'il finisse par partir comme tant d'autres avant lui. Il est vraiment désireux de comprendre et m'a même accompagné en séance psy pour ouvrir le sujet. On essai d'en parler parfois mais ça reste un sujet sensible et je ne me sens pas la force pour le moment de faire mon comming out auprès de lui.
Voili voilou, je vais m’arrêter là, j'ai déjà écris un sacré pavé. Ça avait besoin de sortir.

Merci à tous ceux qui ont eu le courage de lire jusqu'ici (et aussi à ceux qui n'ont pas tout lu ce que je comprend parfaitement).
Au plaisir de vous lire et d'échanger prochainement avec vous sur le forum.
Douce nuit et bon weekend.

[Polymnie]

Bonjour et bravo pour ton message qui n'a pas du être simple à écrire.
S'il y a un conseil que je peux te donner c'est de lui parler de l'asexualité dès que possible. Vous devez en parler, s'il t'aime il comprendra que tu n'es pas malade. Tu es normale mais différente des standards.
Et surtout cela vous permettra de gérer tout ça ensemble et autrement. Il ne peut pas savoir que tout ce qu'on transmet comme information pour être "comme tout le monde" ne s'applique pas à toi.
Je n'ai pas eu le même début que toi,mais qd j'ai découvert le terme asexualité cela faisait 10ans que j'étais avec mon chéri et que le sexe était le pb récurent. Le lendemain je lui ai simplement montré la page d'accueil d'Aven et il m'a dit " c'est toi". Ben oui
Aujourd'hui moins de fréquence qu'avant à son grand regret (il reste S) mais moins de pleurs d'incompréhension ...
Bon courage et surtout parle lui

[Zimou]

Bienvenue!
ce que tu dis à beaucoup de sens, est normal et devrait être compréhensible par ton conjoint. Expliquer à ton conjoint que tu es A serait une bonne première chose, mais aussi et surtout lui dire ce que tu as subit, que tu t'es forcé et forcé et que maintenant, à cause de ça, le sexe de dégout et que tu refuse d'avoir une sexualité. Peut être ça changera, peut être pas, mais ça prendra surement beaucoup de temps pour que ton sentiment face à la sexualité change et repasse du dégout au neutre.
Peut être peux tu en parler à ton psy (si tu en vois un) qui t'aidera peut être à y voir plus claire dans ce que tu ressent et dans ce que tu pourrais ressentir.

[didou]

Bienvenue.
Effectivement, ça n'a pas été facile

SI j'ai bien compris, il y a plusieurs choses dont tu voudrais a priori parler à ton conjoint: le fait que tu est A, les traumatismes de tes précédentes expériences et peut-être ta difficulté, comme tu dis, "neuroatypique".
Je ne sais pas quel est le chemin parcouru en discussions entre vous deux sur ces trois points, mais il me semble que celui "A" est en quelque sorte le "moins difficile" (toute proportion gardée, par rapport aux autres). Au moins, ce point pose un "constat", quelque chose qui "est toi".

Ensuite, comme disait Zimou, parler des deux autres points est aussi important, mais peut-être est-ce plus difficile. Ce n'est jamais facile de sortir les cadavres que l'on a dans son placard, surtout lorsqu'ils nous concernent intimement. Sans entrer pour le moment dans des explications "détaillées", peut-être expliquer "qu'il y a d'autres d'autres choses douloureuses, encore trop fraîches pour le moment à expliquer, mais qui ne sont pas de sa (ton conjoint) faute". Par expérience, il y a des choses qui n'auront jamais été dites "expressément", mais qui finiront par se faire comprendre tacitement, à coup de touches impressionnistes au cours des discussions.
Mais, il faut être patient, les choses compliquées ne se résolvent (au moins partiellement) jamais immédiatement.
Courage et parlez-vous.

[Lilly]

[Veganista]

Bonjour et merci beaucoup pour vos messages de bienvenue et vos conseils.
(Lilly, ces petites friandises m'ont mis en appétit en grande gourmande que je suis , c'est toi qui les a faites ? )

J'ai bien conscience que lui parler de mon asexualité pourrait ouvrir le dialogue et faire avancer les choses vers un mieux mais j'ai cette peur qui me prend aux tripes, cette peur qu'en apprenant que je n'aurai jamais de désir sexuel envers lui il décide de mettre fin à notre relation. Quant à lui parler de mes souffrances passés je m'en sens incapable, c'est déjà tellement difficile à l’écrit.
Il est au courant de mon trouble psy, ce qui aide déjà pas mal même s'il ne peut évidement pas comprendre ce que ça implique puisqu'il ne ressent pas le monde comme moi.

Enfin bon, je vais devoir prendre sur moi et franchir mes peurs un jour. J'en parlerais vendredi avec ma psy, déjà du fait que je suis A, car je ne l'ai évoqué que brièvement, et de la difficulté pour en parler à mon zhomme. En attendant je vais parcourir le forum, lire sur le sujet, et peut-être trouver des clefs pour m'aider dans cette relation A/S ainsi quand dans ma relation avec moi-même.
Bonne fin de journée et merci encore

[Lilly]

(Lilly, ces petites friandises m'ont mis en appétit en grande gourmande que je suis , c'est toi qui les a faites ? )

Non mais c'est mon doigt qui a cliqué pour poster la photo

[didou]

(Lilly, ces petites friandises m'ont mis en appétit en grande gourmande que je suis , c'est toi qui les a faites ? )

Lilly est spécialiste ! Lors d'une précédente présentation, je lui avait lancé un appel pour un gâteau assez improbable ... elle l'a trouvé (c.f. Ganymede )

... cette peur qu'en apprenant que je n'aurai jamais de désir sexuel envers lui il décide de mettre fin à notre relation.

Il faut que tu arrives à peser le pour et le contre.
En n'en parlant pas, tu laisses s'enraciner un mal-être qui sera de plus en plus dur à expliquer plus tard à ton conjoint. C'est une sorte de "mensonge" par omission (sans jugement de valeur ni connotation péjorative) qui risque de peser de plus en plus lourd au fur et à mesure que vous allez avancer. Pendant ce temps, tu va continuer à en souffrir.
D'un autre côté, en attendant que votre couple se solidifie encore plus, les liens vont se resserrer et la compréhension sera peut-être plus forte.
Donc, voilà la vue que j'en ai. Je ne te donnerai aucun conseil car il serait hors de ton contexte et purement subjectif. J'essaye simplement d'imaginer les deux chemins.

Quant à lui parler de mes souffrances passés je m'en sens incapable, c'est déjà tellement difficile à l’écrit.

Personne ne te jettera la pierre (sauf peut-être des lapidateurs précoces dépourvus d'organe cérébral). Certains jardins (souvent, plutôt friches ou jungles, car jardin ça sonne plutôt "sympa") restent secrets très longtemps ou éternellement car on n'a pas envie de remuer ce qu'ils renferment et/ou on n'a pas envie d'en parler à d'autres qui ne comprendraient de toute façon pas (du moins, pas dans les subtilités qui ont souvent leur importance). Il ne faut pas en culpabiliser en tout cas.

[Veganista]

Coucou les amis,

Après avoir lu et relu vos messages ainsi que plusieurs post sur le forum j'ai finalement réussi à lui parler de mon asexualité hier soir. Il l'a super bien pris ! Bon il faut dire aussi que j'ai formulé ça comme une déclaration d'amour plus que comme un "comming out" , je l'ai "caressé dans le sens du poil " comme on dit ^^
Bien sur il nous reste encore à trouver un équilibre, à communiquer autant que possible sur le sujet mais faire ce premier pas m'a beaucoup soulagée, même s'il n'a pas dit grand chose et s'est contenter d'écouter, sourire, rougir puis me serrer dans ses bras.
Cette situation aurait pu durer encore longtemps sans vous et ce forum et je vous remercie de tout cœur.

Non mais c'est mon doigt qui a cliqué pour poster la photo

Et bien merci à toi et à ton doigt alors

Lilly est spécialiste ! Lors d'une précédente présentation, je lui avait lancé un appel pour un gâteau assez improbable ... elle l'a trouvé (c.f. Ganymede )

J'ai beau interroger google je ne trouve rien sur ce gâteau

Une bonne journée à tous

[Alfred]

Bonjour Veganista!
Déjà bienvenue jeune ch'nordiste vingtenaire!
Ce dont tu as la force de témoigner ici est bien courageux. Mais je pense que c'est une bonne dynamique! Après, je me rends compte qu'il y a une grande variété d'a-sexuel. Je n'ai jamais pu me représenter avoir un rapport sexuel... Alors, je me rends compte que c'est plus facile pour moi de m'être préservé étant donné que je suis un homme appartenant au "sexe fort et pénétrant"! J'imagine qu'il est beaucoup plus dur pour une jeune femme d'avoir mes caractéristiques et de les assumer sans devenir une victime de certains "salauds" dépositaires du "sexe viril"!
Je pense que tu as rencontré très probablement une personne bien et qu'il est donc nécessaire pour que tu partages avec elle ta vraie intimité: Celle qui est inscrite dans ton cœur. Un type bien et qui tient à toi ne peut deviner ce que tu es dans la mesure où, sexuellement, il est une personne conventionnelle. Un homme bien et normal, il trouve formidable de faire "joie commune" avec la femme qu'il aime. Mais, d'un autre côté, comme il aime "son" 'être-aimé, il doit avoir la possibilité de l'écouter afin qu'il comprenne que la "fameuse joie commune" qui se concrétise par l'acte sexuel, peut-être, n'est pas aussi la joie pour celle qu'il aime.
Par là, je pense que tu devrais lui dire que vous n'avez pas le même imaginaire de l'amour. Oui, s'aimer çà se concrétise par un acte de fusion charnelle. Mais, toi, cet acte, tu ne lui accordes pas une dimension de sublime, d'émerveillement et de joie. Tu es différente parce que tu aimes autrement que la norme a voulu que çà ne se concrétise. Mais, pour autant, tu n'es pas du tout étrangère à l'amour. Je suis sûr qu'il va comprendre. Et puis, tu sais, avoir connu l'humiliation d'une ordure, en parler çà ne peut faire que du Bien: On est plus fort à deux. Je pense que ton compagnon peut comprendre s'il est à ton écoute ( ce qui est visiblement le cas): Tu as été accidentée par un faible qui a utilisé ton sens de la compassion, qui a fait un usage pragmatique de ta peur d'abandon ( pour moi, c'est là un acte de torture et de barbarie) et qui a instrumentalisé ton amour pour te faire très mal. Celui que tu aimes doit -je pense- connaître ta douleur pour qu'il te rende plus forte et plus heureuse. Tu dois retrouver confiance en toi et LUI faire confiance. Après, c'est le chemin du bonheur qui deviendra accessible.

[didou]

Après avoir lu et relu vos messages ainsi que plusieurs post sur le forum j'ai finalement réussi à lui parler de mon asexualité hier soir. Il l'a super bien pris ! [...]

Voilà une bonne nouvelle Bravo pour avoir osé prendre le pas sur tes peurs !

Lilly est spécialiste ! Lors d'une précédente présentation, je lui avait lancé un appel pour un gâteau assez improbable ... elle l'a trouvé (c.f. Ganymede )

J'ai beau interroger google je ne trouve rien sur ce gâteau

Allez, je te donne le lien
http://www.asexuality.org/fr/forum/view ... f=3&t=7119