Premier regard

[Héraclite]

Bonjour à vous tous, participants ou simples lecteurs de ce forum de discussion. Après avoir parcouru durant plusieurs mois les pages de ce site, et bien que prendre part aux discussions sur internet ne me soit pas familier, je me suis décidé à m’y inscrire afin d’aller au-delà d’une simple lecture passive.

Permettez-moi de me présenter succinctement : je suis un homme de 34 ans, marié et père de deux petites filles. Je vis en région parisienne, essentiellement pour des raisons professionnelles car je n’en suis pas originaire.

Les discussions que j’ai suivies sur ce forum m’ont beaucoup intéressé et ce pour deux raisons essentielles.
La première est celle d’avoir cru me retrouver dans un nombre significatif de témoignages, lesquels sont importants selon moi car ils portent une parole rare, peu entendue ou non reconnue.
La seconde est que cette lecture m’a tout simplement réconforté et m’a permis dans certains cas de mettre des mots sur ce que je ressentais.

L’approche – psychologique, médicale, médiatique ou tout simplement « populaire » - presque systématiquement négative d’une absence d’exercice de la sexualité peut parfois nous faire douter ou nous donner l’impression d’être en dehors de ce monde et exclus de ses canons de normalité standardisée qui ne laisse que peu de place aux vies qui empruntent des chemins un peu originaux ou tout simplement différents du prêt-à-penser et du prêt-à-vivre proposés par notre société. Ainsi donc, les relations sexuelles seraient constitutives du couple et occuperaient même une place prépondérante, irremplaçable dans la vie conjugale. Leur rareté, a fortiori leur absence, serait forcément et systématiquement une catastrophe pour le couple concerné, signe précurseur d’une « mort » quasi-certaine à court/moyen terme. Un problème à résoudre de toute urgence. « Consultez ! » « Soignez-vous ! » « Faites-vous aider ! » « Alerte ! » « C’est le signe de problèmes plus profonds ! »: tel est le discours commun, implacablement récurrent, répété ad nauseam.
Alors je me joins à celles et ceux qui, sur ce forum, ont témoigné de leur différence. Je n’ai pas de relations sexuelles et m’en porte très bien et il en est exactement de même pour mon épouse. Ni elle ni moi n’aspirons à ce que cela change. Cela ne constitue pas et n’a jamais constitué un problème et nous sommes en bonne santé. Bref : NOUS ALLONS BIEN. Nous avons eu deux enfants et nous sommes donc passés par les actes conjugaux ayant pour finalité la génération d’une vie nouvelle. C’est une nécessité naturelle lorsque l’on souhaite fonder une famille (ce qui n’est nullement obligatoire au passage et devrait faire l’objet d’une réflexion approfondie). En revanche, les injonctions à jouir nous laissent de marbre. Nous n’en comprenons ni le sens ni la finalité. Nous ne consulterons jamais qui que ce soit sur le sujet : pour quoi faire ? Un peu comme si un passionné de saut en parachute m’affirmait que je passe à côté de quelque chose d’extraordinaire et d’irremplaçable dans la vie. Oui, mais je n’en ai aucune envie et le vertige que j’éprouve déjà dès que je me trouve à plus de 5 mètres me laisse plutôt penser qu’il faudrait m’offrir beaucoup en échange d’un saut ! Chacun ses passions, chacun ses loisirs (si pour certains le sexe en fait partie, grand bien leur fasse !)

Certes nous rencontrons de temps en temps des difficultés de différentes natures comme tout le monde, tous états de vie confondus (marié, célibataire…) mais celles-ci n’ont jamais de lien avec la sexualité. Je ne crois pas me tromper sous prétexte que le Dr Freud et ses héritiers ont expliqué le contraire et continuent de le faire par la voix de sexologues, psychologues, conseilles conjuguaux et autres « spécialistes ». Si une place, une toute petite place, pouvait être faite à cette autre manière de vivre. Non pas parce-que nous exigerions une « reconnaissance » que d’aucuns réclame à corps et à cris à longueur d’année et à propos de tout. Non, juste pour goûter cette une petite bouffée d’air frais qui soulagerait tant le poids de cette chape de plomb que notre société monomaniaque nous impose par ses discours formatés sur le couple, le mariage et la sexualité.

Si j’en avais les moyens, je lancerais un appel. Je dirais à tous ceux qui, par leur profession et leur accès privilégié aux media de tous types, imposent de plus en plus aux gens leur obsession d’une vie qui, soi-disant, ne saurait être réussie sans une « sexualité épanouie » selon l’expression consacrée : n’ajoutez pas de l’inquiétude, du stress et de l’angoisse inutiles aux vies de nos contemporains. Ne leur répétez pas en boucle ce qu’ils doivent faire pour réussir leur vie. Le besoin d’exercice de la sexualité n’est pas universel. Il faut prendre en compte le caractère très variable de ce besoin. Je peux comprendre que cet aspect de l’existence puisse revêtir une importance particulière pour beaucoup de personnes et j’accepte cette réalité. Mais pour celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette approche de la vie, que se passe-t-il ? Que doivent-ils faire ? N’existe-t-il pas d’autres éléments à l’aune desquels chacun peut évaluer sa vie et la relire ? Faut-il systématiquement associer une pathologie à tout style de vie qui sort des sentiers battus ? Au seuil de la mort, croyez-vous que votre « vie sexuelle » pèsera lourd ? Et ne pensez-vous pas que celle-ci pourra, éventuellement, être source de blessures ou de regrets ? Croyez-moi, vous penserez à bien autre chose qu’à vos gesticulations frénétiques et parfois grotesques, à vos frottements de chair aboutissant invariablement à un échange de fluides corporels dont on se demande bien parfois pour quelles raisons on lui accorde une telle place de choix au point d’en faire un critère de bonheur.
Car oui, en dépit de toutes les considérations dont on se plaît à entourer ces actes, ils n’en demeurent pas moins éphémères, répétitifs et dérisoires. De la peau, des os, de la chair, des liquides sécrétés par le corps humain. La belle affaire : il retournera à la poussière.

[Marius N]

Soit le bienvenu en ces lieux.

[Renaissance1267]

Ah j'adore !!

Bienvenue Heraclite et merci pour ce beau discours

[Polymnie]

Moi aussi j'aime bien

Les clichés ont la vie dure en France, il faut encore de nombreuses années pour changer un petit détail.
Je suis sûr qu'il y a encore un grand nombre de personnes qui voit les anglais en chapeau melon les indiens ds les tipis et es africains ds les cases.

Les différences ont toujours la vie dure.

Mais en l'an 3042 c'est un robot qui vous livrera votre Bébé blond aux yeux bleus et parfait et s'il est pénible vous le ramenerez à carrefour et en prendrez un autre

Au moins Aven permet aux gens différents de retrouver "une normalité" qui aide à s'aimer soi-même et à se respecter.

[Jullianna]

....

[Lilly]

Héraclite

[Wendy59]

Merci Héraclite pour cette très belle présentation qui donne espoir

[Héraclite]

Bonjour à tous,

Je vous remercie sincèrement pour vos réponses et messages de bienvenue.