quelle révélation!

[chiarina]

Bonjour à tous,
J'ai 19 ans, à l'université à Montréal.
Je suis si ravie d'avoir trouvé ce site, c'est une véritable libération de pouvoir enfin mettre un mot sur ce que j'ai toujours ressenti, découvrir que je ne suis pas seule et pouvoir m'inspirer des aventures de gens comme moi qui sont heureux avec leur (a)sexualité particulière!
Ce matin encore, je me débattais avec l'idée (mauvaise, sans aucun doute, et pour le moins absurde) de faire un faux coming-out homosexuel pour faire comprendre à mon entourage que l'idée de couple tel que la société actuelle le conçoit m'est absolument impossible à envisager. Un temps, j'ai même eu des velléités d'entrer dans une communauté religieuse catholique, bien que j'aie été élevée dans une famille athée, fascinée que je suis par la sérénité et l'altruisme qui se dégagent de ce mode de vie.
Mais j'ai toujours gardé le rêve de bâtir avec un homme une relation saine et durable basée sur des affinités morales, humaines, intellectuelles et spirituelles plutôt que physiques.
Plusieurs points de ma réflexion sont encore à clarifier, mais je crois être au bon endroit pour cela!
Chiarina

[theaworld]

Bienvenue à toi dans cette plate-forme quasi inédite sur le Web.

Comme tu le dis, je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'intégrer une communauté religieuse pour assumer son asexualité. La preuve, le phénomène semble se répandre. Signe des temps ? Influence de la société, "sexualisation" à outrance du mode de vie, comme si les relations sexuelles étaient indispensables pour "être" ? Le débat reste ouvert.
Il reste heureusement les valeurs que tu cites ; le principal, après tout, n'est-il pas le bonheur et l'épanouissement selon ses propres valeurs ?

Hello Montréal

[Dexter]

Bienvenue

[cyclodocus]

sois la bienvenue

[Nastasia]

Chiarina

[Lilly]

[Arcancielle]

sois la bienvenue!

[Verne]

Bienvenue à toi, chiarina !

Comme tu l'as dit, le fait de pouvoir mettre un mot sur une chose que l'on ressent sans pouvoir la cerner ou la définir est déjà un grand soulagement en soi. Et découvrir que l'on n'est pas seul, et encore moins « anormal(e) ».
Moi-même, qui suis encore relativement nouveau ici, j'ai déjà pu arriver à y voir un peu plus clair dans mes réflexions. Et c'est tout le bien que je te souhaites !

[chiarina]

wow, merci à tous!
j'ai déjà plein d'idées de sujets sur lesquels je voudrais partager avec vous tous, je sens que je vais me plaire ici!!!

J'ai lu quelques unes de vos présentations, ça me donne le goût d'étoffer un peu la mienne, si ça ne vous ennuie pas!
Même si j'ai grandi dans une famille très ouverte d'esprit (ma mère a un passé homosexuel), j'ai considéré le sexe comme quelque chose de mal pendant toute mon enfance, et j'avais un mal énorme à accepter que toutes les grandes personnes en avaient! Au début de l'adolescence, j'avais assez peu de vrais amis, et je passais mon temps à rêver d'elfes chastes et purs, vivant pendant des millénaires des relations très proches mais exemptes de contacts physiques intimes; là était ma vision du couple parfait! J'avais toujours une forte attirance vers les hommes, j'étais une grande rêveuse toujours à admirer les beaux visages, les belles mains... Je dois vous dire ici que je suis musicienne classique et passionnée de littérature et de peinture, je peux dire que je jouis d'une bonne connaissance de l'évolution des sensibilités occidentales par l'intermédiaire de ces trois arts. Je me trouve souvent beaucoup plus proche des sensibilités des siècles où l'amour devait être vécu dans des balises sociales beaucoup plus strictes que celles que nous connaissons aujourd'hui. J'ai déjà tenté de défendre la vision selon laquelle Roméo et Juliette n'avaient pas consommé leur amour pendant la nuit qu'ils passent ensemble, ou que Tristan et Isolde ne font que parler de leur extase dans le duo d'amour de l'opéra de Wagner, et qu'il n'y a pas là de métaphore quasi-grivoise; je me suis bien sûr butée à l'incompréhension la plus totale. Et combien j'ai rêvé de ces temps (un peu romancés dans mon esprit, cela va sans dire) où on restait vierge avant le mariage, on s'aimait envers et contre tout, dans l'espoir d'unir définitivement nos vies jusqu'à ce que la mort nous sépare! Et oh, Werther, Ossian, Marius!

En vieillissant, je réalisais confusément qu'une relation amoureuse devait inclure des relations sexuelles pour fonctionner normalement, et j'essayais tant bien que mal de me faire à l'idée. Il y a deux ans presque jour pour jour, je suis alors tombée éperdument amoureuse d'un jeune musicien. Je perdais la tête, je l'aimais tant, j'aurais tout, mais tout fait pour lui, c'était un vrai soleil, un ange de beauté, d'un talent exceptionnel, une personnalité lumineuse, un homme parfait! Je l'aimais à mourir, mais je voyais bien que je ne l'aimais pas comme les autres s'aiment. J'aurais donné ma vie pour tenir sa main une minute, ou passer ma main dans ses cheveux, ou qu'il s'endorme dans mes bras... ah j'ai encore le coeur gros à y penser... Tout ce que je voulais était avoir de bonnes conversations avec lui, sur notre art, sur la vie, sur tout, quoi! Nous en avons eu quelques unes, avec des amis communs, et si elles me remplissaient de la jouissance la plus profonde sur le coup, elles me laissaient toujours plus triste encore. Si je m'étais retrouvée en couple avec lui, ce que j'étais fort loin d'imaginer, j'aurais consenti à des relations sexuelles, non parce que je les désirais, mais parce que c'était ce qui me semblait normal, et j'aurais vraiment tout fait pour lui. Sous la pression d'amies, j'ai fini par lui avouer mon amour , un soir, sous l'emprise d'un symphonie dans laquelle il venait de jouer. Il m'a repoussée.
J'ai appris quelques mois plus tard qu'il s'était engagé dans une relation plus sexuelle qu'émotionnelle, avec une jeune fille qui en surface me ressemble beaucoup, mais qui en fait, a couché avec plein de garçons, sans jamais développer de relation sérieuses. Une débauchée assumée quoi, comme on en trouve tellement aujourd'hui (je n'ai rien contre soit dit en passant, dans la mesure où ça ne fait de mal à personne, mais je ne comprends pas cette attitude). Vous pouvez imaginer le choc. Bien que ce soit sans doute assez loin de refléter la réalité, j'ai été profondément blessée de voir qu'entre elle, qui revendiquait son indépendance émotionnelle totale, et moi, qui lui donnais ma vie et mon âme, un homme comme lui ait fait un tel choix! Il semble qu'ils aient rompu depuis.
Je le revois pour la première fois depuis des mois dans quelques jours; il m'a promis un café en tête à tête, pour la toute première fois.

Entre-temps, j'ai eu le choc extrême de réaliser que non seulement les relations sexuelles devaient normalement faire partie d'un couple, mais que pour la plupart des gens, l'attirance sexuelle est une partie intégrante du sentiment amoureux. Pour enfoncer le clou, un ami m'a fait lire la Sonate à Kreutzer de Tolstoï l'année dernière; mais quel choc! C'est là que j'ai réalisé l'importance de cette puissance qui sous-tend toutes les relations dans notre société, la matière même dont sont faits les rouages qui la font tourner... C'est là que j'ai commencé à comprendre ce qui se passait dans la tête (la tête, vraiment? ) des hommes qui me reluquent dans le métro, ce qui peut influencer celui qui me passe en entrevue pour l'université, les forces sociales inconscientes qui me font vouloir à tout prix être jolie et remarquée... Je vous recommande à tout prix cette lecture, ce n'est pas très long et c'est très fort. Le postface est à ne pas manquer, et il pourrait presque devenir un credo de la fierté A!

Voilà pour l'instant, j'ai plein de sujets dont je voudrais discuter avec vous, comme l'asexualité dans la littérature et les interprétations asexuelles qu'on peut faire de certaines oeuvres... (haha moi qui me cherche un sujet de recherche en musicologie...) J'ai aussi une nouvelle que j'ai écrite pour tenter d'expliquer mes sentiments à une époque où je me sentais totalement incomprise, et qui pourrait vous intéresser; seulement, je devrais l'achever, les derniers chapitres ne sont pas au point. Aussi une série de toiles que j'ai faites dans mon cours de peinture et qui, il me semble, témoigne d'une certaine angoisse sexuelle...

Ah et merci pour le gâteau, mais je peux vous faire une demande spéciale? Je suis une fanatique de marrons, c'est le premier aliment solide que j'ai mangé, pendant ma petite enfance en Europe, et je l'ai redécouvert il y a un an, pour me rendre compte que c'est le délice le plus divin qui soit... Malheureusement, c'est quasi introuvable ici, même dans les épiceries fines! Je peux en avoir?
Chiarina

[fee_net]

bienvenue,

et un petit gateau au marron

[cyclodocus]

suffit de demander
faute de marrons tu devrais pouvoir trouver de la crème de marron
sinon tu te les fais envoyer par la poste (voir les sites clément faugier ou en associant "marron" "ardèche" et "artisan" ou "artisanat"

[Verne]

[…]

[chiarina]

Merci de ta réponse Verne, tu sais que je sympathise à fond pour l'histoire de la petite aux yeux bleus...

Mais assez parlé de moi ! Pour en revenir à ton histoire, il y a quelque chose qui me chiffonne un peu quand tu dis que cet ami t'a promis un café pour la première fois et que vous ne vous êtes plus vus depuis des mois. Je ne suis pas en mesure de juger, et j'espère vraiment me tromper mais, raconté ainsi, j'ai l'impression que ce tête à tête sonne un peu comme un « plan B ». Comme si, ayant rompu, il venait de se rappeler des sentiments que tu éprouvais pour lui et avait décidé d'en profiter dans le seul but de se remettre avec quelqu'un, ou dans l'optique d'au moins « tâter le terrain » dans ce but. Je le répète, j'espère me tromper, et je ne suis absolument pas en mesure d'avoir un avis objectif à ce sujet, mais je ne peux que te recommander d'être un minimum « prudente », pour éviter toute mauvaise surprise. Autrement dit, de ne pas laisser ton esprit en proie à de grands scénarios féériques et d'essayer de rester la plus rationnelle possible, cela t'éviterait de te faire du mal. On est souvent déçu quand on se met à imaginer de grandes choses selon nos désirs... (crois-moi, le grand rêveur que je suis en a souvent été victime, et l'est toujours régulièrement ) Et s'il s'avère que mes craintes sont infondées, ce que je te souhaite, tu ne pourras qu'être agréablement surprise tandis que, dans le cas contraire, tu pourras éviter une nouvelle déception.

Ce que tu dis est très pertinent, j'ai bien vu l'écueil! Mais je n'ai peut-être pas assez détaillé de ce côté, me voilà repartie;
Il s'est expatrié à l'autre bout du monde pour ses études, et il revient cette semaine pour repartir fin décembre. Il a seulement dit qu'il ne serait pas fâché qu'on aille prendre un café. Je n'ai peut-être pas indiqué à quel point mon geste de tout lui dire était absurde, parce que je savais très bien qu'il ne m'aimerait jamais autant que je l'aime, et que d'avoir un demi-amour de sa part me serait la pire des souffrances; je préfère l'aimer de loin, j'aurais voulu au fond qu'il ne le sache jamais. Tout ce que je veux de lui est une conversation sur tout et rien, pour baigner dans sa lumière pendant une heure, juste avec lui, et voilà ce qu'il m'offre! Je suis prête à lui faire croire que je n'ai plus aucun intérêt autre qu'amical envers lui, même si c'est tout le contraire. Je m'arrange ainsi pour obtenir ce dont je rêve, parce que si je lui dis la vérité, je sens bien qu'il va me s'éloigner de moi encore. Je n'ai absolument aucun espoir de son côté, et je n'en ai jamais eu... En cela, c'est un vrai amour d'ange que j'ai eu pour lui... et je n'aimerai plus jamais quelqu'un de la même façon.

Passé cet épisode, j'ai même commencé à culpabiliser de l'aimer alors que je savais qu'elle avait déjà quelqu'un dans sa vie, même si cette relation n'était apparemment pas très sérieuse. Je me disais que lui avouer mes sentiments ne pourrait alors que provoquer de mauvaises choses, et c'est pourquoi je me suis dès lors abstenu de toute nouvelle tentative de lui dire.

Ça aussi c'est plutôt angélique...

Cela dit, il me semble que je sois prête à commencer quelque chose de nouveau et de différent, parce que je crois sentir qu'on peut aimer très intensément plusieurs personnes à la fois, de façons très différentes; j'ai plusieurs amis masculins très proches que j'aime profondément, mais l'amour que je leur porte à chacun est totalement différent, de la même façon que ce sont des personnes extrêmement différentes, et en aucun cas je me sentirais infidèle à l'un à cause des autres... Est-ce que c'est complètement confus ce que je raconte? Même que je crois que si j'étais en couple, je ne sentirais pas le besoin de diminuer l'intensité de ces autres relations, comme si ce n'était tout simplement pas de la même nature, comme s'il y avait autant de façons d'aimer qu'il y a de gens...? Non c'est absurde... HELP!

Pour ce qui est des références culturelles, bah désolée, c'est une déformation professionnelle, ya pas 36 solutions pour avoir des A+ en musicologie quand on est nouvelle et la plus jeune du département! Je tâcherai d'être plus claire à l'avenir, il y a des passages de Victor Hugo qui mériteraient d'être étudiés de plus près d'un point de vue asexuel!

Cyclodocus et fee_net: aaaaah merci! Ça c'est du marron!

[Verne]

[…]

[LeDisparu1]

Soit la bienvenue!

Je serais heureux si tu nous ferais partie de tes pensées sur l’art et l’asexualité ou sur d'autres sujets qui t’intéressent.
Tu sembles réfléchir sur beaucoup de choses et en plus sur de choses excitantes. Certainement il y a de milliers de sujets que tu pourrais commencer dans “ce n’est pas a” et “philosophie et politique”.