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L'Alcyon

Publié : 01 juil. 2015, 16:45
par Leonie
Je me suis mise à réécrire des nouvelles récemment (enfin... une, celle que je vais vous présenter ici).

Elle fait 6 pages word, mais en tant que nouvelle, je n'ai pas envie de la scinder en chapitres, donc je vous préviens ça fera un gros pavé!

Merci à ceux qui auront le courage de la lire jusqu'au bout! :mrgreen:

edit: sérieusement, quelqu'un peut m'expliquer pourquoi l'indentation marche pas? (j'ai essayé tab, mettre des espaces, etc.) Help! C'est parce que j'ai copié le texte depuis un traitement de texte?
Bon ben encore plus désolée du coup, c'est vraiment moche, je le referai plus promis... :oops:

Re: L'Alcyon

Publié : 01 juil. 2015, 16:48
par Leonie
Je devine bien en écrivant cette lettre qu'elle ne te parviendra jamais … Peu importe, ceci est peut-être bien la seule occasion que j'aurai de te dire ce qui m'arrive. Je ne sais pas encore ce que je ferai de la missive en question : la confier à un oiseau de passage ? La jeter à la mer ? Ou simplement la laisser errer à la dérive, attachée à une planche rescapée du naufrage ?
Pour le moment, je l'ignore, mais écrire m'aide à rendre le temps moins long avant que la fin ne tombe, et m'aide à me rapprocher de toi, mon amour, même si ce n'est qu'un rêve issu de ma plume.

Dis-moi, comment va notre petite Océane aujourd'hui ? Je suppose qu'elle est née sans encombres ! . Après tout, sa mère est parmi les femmes les plus fortes que je connaisse, et c'est bien pour cela que je t'ai choisie ! J'espère que tu t'es bien remise des douleurs de couche.
J'aurais aimé pouvoir être à tes côtés et te tenir la main durant cette épreuve, mais tu sais bien comment c'est… L'appel du large est toujours le plus fort et, après tout, il faut bien gagner sa vie ! Si tu savais combien je regrette aujourd'hui d'avoir fait ce métier… Né sur la côte comme je le suis, on pourrait dire que je n'ai pas eu le choix. Le pont est le véritable sol sur lequel j'ai appris à marcher. Le commerce étant ce qu'il est, par chez nous, quelle autre ressource avons-nous que de partir sur les flots à la recherche de ces biens si précieux que l'océan veut bien nous concéder ?
Quand bien même, j'aurais pu être de ceux qui élèvent ces crustacés en restant près du rivage, ou de ceux qui créent des pièges pour n'avoir qu'à se baisser pour ramasser la poiscaille. Mais non, je fus de ceux qui choisit consciemment d'abandonner femme et enfant pour partir à l'aventure, suivant les pas de mon père.

Parlons-en, de mon père ! Je suis au regret de t'annoncer qu'il est disparu en mer depuis dix jours, corps et âme. Tout comme nos huit compagnons. Me voilà seul à piloter ce voilier, alors tu imagines, je le devine, mes chances de retour… A moins de ramer jusqu'à terre avec le canot ? Je verrai bien, si l'on doit en arriver là…
J'ai le malheur de devoir te laisser la charge d'annoncer la funeste nouvelle à ma mère. Elle non plus, elle n'est pas gâtée, de voir ainsi sa famille dépérir, les uns après les autres, emportés par les flots… Mais peut-être faudrait-il que je t'explique comment nous en sommes arrivés là ? Sait-on jamais, si cette lettre arrive bien à destination, c'est sans doute l'information que tu as le plus hâte de connaître, je suppose…


Comme tu le sais, contrairement à nos habitudes nous n'avions pas pour but de pêcher le maquereau cette fois-ci, mais étions en mission pour Ernestine, la veuve Bureau. Cette vieille sorcière nous avait payé la moitié de la somme au départ, et nous avait promis le restant au retour, en échange de son « trésor ».

Quels benêts nous étions de croire en ses promesses ! Nous aurions mieux fait d'écouter nos femmes, une fois encore, tiens ! Mais la vieille Nestine a la langue agile, et à force de nous faire miroiter ses anciennes magies, nous avons fini par nous prendre au jeu. Voilà que nous étions en route avant même de nous en rendre compte…

Les premiers jours se passèrent sans encombre. Après tout, loin des grands fonds, cela ne nous changeait guère de nos cabotages habituels. Mais, petit à petit, les décors familiers de la côte s'estompèrent, et nous nous retrouvâmes seuls avec nous-mêmes, nos superstitions et la toute-puissance des flots qui nous entouraient.

Au début, pour dédramatiser le voyage, nous riions de toutes ces nouvelles du large terrifiantes que les marins de passage se faisaient un plaisir de répandre autour d'eux, sans doute pour garder pour eux leurs coins de pêche favoris. Mais c'est ainsi qu'avant de nous en rendre compte, les récits de sirènes, léviathans et autres krakens que nous nous racontions durant nos quarts commencèrent à se glisser sournoisement dans nos rêves.

Était-ce l'épuisement de ces nuits d'inquiétude, ou bien une réelle aura maléfique émise par les flots inconnus que nous traversions ? Toujours est-il qu'au fil des jours, les tensions dans l'équipage se faisaient de plus en plus palpables. J'entendis à plusieurs reprises Léon lancer des rumeurs sur les raisons qui poussèrent mon père à me nommer second si jeune. Je préférai ne pas relever la provocation et prétendis ne rien entendre. Après tout, personne n'eut jamais l'explication de ces années où je disparus du village, pas même toi. Je comprends dès lors que l'on me suspecte. La vie est ainsi faite, on fait difficilement confiance aux étrangers, surtout lorsqu'ils gardent des secrets.

Et puis certains contestaient le but même de ce voyage. Où donc allions-nous ? Pourquoi tant s'éloigner ? Qu'y avait-il de si mystérieux à aller pêcher au large ? Mon père avait préféré ne pas mentionner Ernestine Bureau, par peur des superstitions. Sage décision en elle-même, mais pouvait-il deviner ce qui arriverait ? Quoiqu'il en soit, malgré tout ce que j'entendis chuchoter derrière mon dos, je pris sur moi. Je ne voulais que la paisibilité dans cette aventure !
Peut-être que si j'avais crevé l'abcès, les choses se seraient-elles passées différemment. Sans doute un second expérimenté n'aurait-il pas fait cette erreur et aurait assis son autorité dès le commencement. Qui sait ? Malheureusement, il est trop tard aujourd'hui pour avoir la réponse à cette question…

L'ambiance à bord était donc particulièrement tendue quand nous rencontrâmes notre premier coup de vent. Nul ne sachant notre destination et donc la durée de notre voyage, des vivres vinrent à disparaître. Des vivres, et surtout de l'eau potable. Il n'y avait pourtant pas beaucoup d'endroits où les dissimuler, mais là encore je préférai ignorer le problème plutôt que déclencher une guerre ouverte. Si la question était ouvertement posée, qu'aurais-je pu répondre sur notre quête ? La mutinerie aurait éclaté à coup sûr !
Dans le même temps, Daniel, le petit mousse que tu avais rencontré avant le départ, faisait de plus en plus souvent preuve d'insubordination. Je supposais que Léon était le meneur derrière sa rébellion d'adolescent, mais sans preuve, qu'y pouvais-je ?

Lorsque le vent commença à souffler par bourrasques, cela arriva par malheur alors que mon père se sentait pris de fièvre. Bien sûr, tu le connais, il voulut malgré tout donner les ordres, mais lorsque les grelottements l'emportèrent sur la solidité de ses jambes et qu'il tomba au sol, il me fallut mener à bien la traversée du grain sans son aide. C'est alors que la mutinerie éclata.

Léon refusa tout bonnement de suivre mes ordres, et l'autorité qu'il avait sue asseoir auprès de notre équipage pendant les mois précédents, sans que je n'ose m'y opposer, avait porté ses fruits. Je fus enfermé à fond de cale, et j'ignore donc ce qui se passa dans les jours qui suivirent. Je suppose que Léon, en marin expérimenté, suivit malgré tout les bonnes manœuvres conseillées par mon père, sans quoi j'aurais bien senti le bateau sombrer !

Mon père finit par me rejoindre à fond de cale quelques jours plus tard, lorsqu'il fut assez rétabli. Il refusa de m'en donner la cause, mais il est certain que Léon voulait ainsi le punir d'avoir pris ma défense. Je ne vois pas d'autre raison pour laquelle il aurait voulu enfermer son capitaine. Après tout, au-delà de son aversion à mon égard, Léon avait toujours été un bon marin, et fidèle à mon père. Pour n'importe quel observateur extérieur, il aurait été un second bien plus judicieux que moi-même, et en cela, je ne peux réellement lui en vouloir de sa rancœur.

Je suppose d'ailleurs qu'il serait temps que je t'explique pourquoi mon père m'a choisi. Je sais que tu ne t'es jamais intéressée à nos affaires de marins, et que tu te contentes de lui faire confiance. Ou peut-être fais-tu partie de celles qui considèrent normal qu'un père propose une place à son fils plutôt qu'à un étranger, si compétent soit-il. La vérité est que je possède des « dons » que j'ai toujours gardés cachés. Lorsque j'ai quitté le village, c'était pour me former à ces capacités que j'avais tout juste découvertes. Sept longues années de labeur où j'appris à les dompter.

Mon père ne souhaitait pas que cela s'ébruite, et je le comprends, sans quoi j'aurais fini mes jours comme la vieille Nestine, et aucun père ne souhaiterait ce destin pour son fils. J'ai donc dû passer tout ce temps, mois après mois, loin de la mer et de son doux chant habituel, dans les chaleurs des terres du Gévaudan. Sept longues années durant lesquelles je n'ai cessé de penser à ma famille, à tous ceux du Chail, mais également à toi. Et oui, je dois reconnaître que déjà, notre amitié d'enfants commençait à germer en quelque chose de plus mature. Et c'est bien là ce qui m'a convaincu de revenir parmi vous.

Je me suis donc fondu parmi la foule, j'ai appris parmi eux, mais je ne cessais d'espérer revenir à vos côtés. Je me suis entraîné à dompter les flots, à contrôler les vents, et à respirer des heures durant sous la surface miroitante des étendues maritimes. Le reste de leurs sortilèges ne m'intéressait pas. Une seule idée m'obsédait, revenir au Chail. Et puis, au bout de ces sept longues années, je suis rentré. Enfin.
J'ai appris que tu m'avais attendu, je t'ai épousée, et j'ai fait de mon mieux pour refouler tous ces souvenirs de magie. Ma vie était celle d'un marin, pas d'un sorcier ! Alors, petit à petit, j'ai oublié toutes ces capacités… Mais mon père, lui, se souvenait.

Et quand la vieille Nestine l'a contacté, or à la clé, pour cette mission des plus étranges, il s'est dit (sans doute à juste titre) que rien ne valait mieux pour vaincre la sorcellerie qu'engager un sorcier. Il m'a donc directement fait passer de novice à second. Je me demande encore ce qui l'a poussé à cette aberration ! Comment voulait-il que Léon et l'équipage l'acceptent quand il n'y avait aucune raison rationnelle à ce choix ?
Moi-même, dans un premier temps, je m'y suis opposé. Mais comme mon père me l'a expliqué, en restant novice, comment aurais-je pu convaincre les autres de changer de cap quand, pour eux, seul mon instinct me guidait ? Mes capacités devaient être utilisées, mais surtout pas révélées au grand jour ! Alors pour lui, me nommer second était l'idéal. Personne ne remet en cause les ordres du second. Du moins, c'était ce qu'il croyait…

Et voilà comment mon père et moi finirent à fond de cale. Si j'avais su retrouver mes dons enfouis en moi, si j'avais maîtrisé cette tempête, m'auraient-ils respecté davantage ? Je ne pense pas. Ils m'auraient certainement pris pour un démon, oui ! Et je te le dis en tout honneur, j'ignore si j'aurais été capable d'utiliser de tels pouvoirs. Cette partie de ma vie me semble si loin à présent !

Voilà, tu sais tout. Ce fameux secret que j'ai toujours gardé et sur lequel tu ne m'as jamais posé la moindre question. Aurais-je pu trouver femme plus dévouée que toi ? J'en doute fort. Et tout ce que j'ai à t'offrir, ce sont des mensonges, de la solitude, et des pleurs… Pardonne-moi, mon amour, de t'avoir quittée ainsi. J'aurais tant aimé rencontrer notre fille…

Après quelques jours prisonniers, Léon fit sortir mon père, sans doute parce qu'ils avaient toujours été amis. J'ignore ce qu'ils se sont dit, mais du fond de ma geôle, je sentis la coque trembler d'un combat. Qui l'emporta ? Je ne le sais. Mais celui des deux qui prit le commandement ne daigna pas venir à ma rencontre. Tout ce que j'entrevoyais, c'était un repas régulier, et je dois dire, de ce que je connais des mutineries et de nos rations diminuées, que c'était déjà beaucoup. Sans doute était-ce là l’œuvre de mon père. Mais pourquoi alors me laisser enfermé ? Aucun doute, l’œuvre de Léon !

Avaient-ils trouvé un compromis à travers leur affrontement ? Il fallait bien qu'un jour mon père réalise quelle aberration mon existence était… Et puis, reconnaissons-le, la quête d'Ernestine était simplement sans issue !
Nous traversâmes plusieurs grains après cela, et je peux te dire que rien n'est plus inconfortable que de les affronter dans l'obscurité totale, avec comme seule odeur celle des miasmes émis par mon mal de mer grandissant. Aucun marin n'est fait pour endurer l'éloignement à la fois des flots et des cieux.
Les jours s'écoulèrent ainsi, j'arrêtai de les compter, jusqu'à ce qu'un jour je cessasse de recevoir toute nourriture. Je n'étais déjà plus que l'ombre de moi-même, donc dans un premier temps cela ne m'affecta guère.

Mais curieusement, ce fut quand j'avais abandonné tout espoir et me laissait mourir à petit feu que quelque chose en moi se ralluma. Une étincelle familière, quelque chose que j'avais oublié depuis bien des années. Cette même étincelle qui avait tant effrayé mes parents à l'époque, et m'avait envoyé si loin de mon foyer quand je n'étais qu'un petit garçon. Cette étincelle me disait de me battre. Cette étincelle me disait de vivre. Davantage, elle me l'ordonnait. Et en quelques heures, je sentis une puissance grandir en moi, une puissance telle que je ne l'avais jamais connue dans cette école qu'il m'avait fallu fréquenter malgré moi. Comme une vague de colère froide, comme un ouragan parfaitement maîtrisé qui rugissait autour de moi, mais sans que mon âme en soit touchée en quelque manière. Du moins c'est ainsi que je le ressentis sur l'instant. Quand je regarde aujourd'hui les conséquences, sans doute mon âme était-elle possédée par un démon durant ces quelques minutes.

Quand je me sentis fin prêt à contrôler ce que j'appellerais cette « aura », je brisai mes chaînes, franchit cette porte qu'un humain aurait qualifiée de fermée à double tour, et montai l'escalier qui menait au pont. Je n'ai plus que de vagues souvenirs de ce qui se passa durant ce laps de temps. Je sais que je les voyais tomber autour de moi, un à un, mais qui étaient-ils ? Sur le coup, je ne le savais point. Quand je fus seul sur le pont, mes esprits me revinrent peu à peu, et je pus reconnaître leurs cadavres. Mon père gisait parmi eux.

Je ne saurai jamais pourquoi ils m'avaient oublié là, et quelque part, je préfère ne pas le savoir. Mais de toutes les hypothèses que je peux imaginer, aucune ne me fait regretter mon geste, quel qu'il ait été. Comme ils avaient été mes compagnons malgré tout, je choisis de leur offrir le dernier hommage que l'on peut offrir à un marin, et je les rendis aux flots. Que notre mère à tous décide quoi faire d'eux, moi-même je n'en étais plus capable.

Tout cela s'est passé il y a dix jours. Seul, sur ce voilier perdu au beau milieu de l'océan, je savais que j'étais mort. C'est là que j'ai commencé à vouloir t'écrire ce message posthume que tu ne recevras jamais. En bon capitaine, mon père avait tout ce qu'il fallait pour le rédiger dans sa cabine. Lorsque je la visitai, dans un élan de folie, je brûlai toutes les cartes et journal de bord. Je préférais encore me laisser porter par les flots et dériver sans but. A quoi bon ? Un monstre tel que moi n'avait aucune raison d'être encore en vie…

Mais bientôt, cette étincelle en moi refit surface, et me persuada de tenter le tout pour le tout. M'ordonna de vivre malgré moi. Et quitte à rester un démon sur les mers comme sur les terres, autant obtenir le soutien de la veuve Bureau. Elle seule pourrait désormais me défendre, et peut-être, dans mes rêves les plus fous, me considérer comme l'un des siens. Alors je choisis tant bien que mal de poursuivre la quête qu'elle nous avait confiée.

Je recherchai en moi tous ces pouvoirs refoulés, fis appel aux éléments, et demandai à tous les esprits ou les dieux quels qu'ils soient de m'aider à faire voguer ce voilier. J'ignore comment je le savais, mais j'avançais dans la bonne direction. D'utiliser ce potentiel ignoré si longtemps me redonna de la force, et bientôt les effets de ce long emprisonnement ne se firent plus sentir.

Puis un jour, j'arrivai à destination. Le calme plat. Pas un souffle de vent. Même mes pouvoirs n'y auraient rien pu. C'est ainsi que je sus que la partie était finie. Gagnée ou pas, j'étais au bout de mes peines.

Je regroupai le plus strict nécessaire sur le canot (y compris ce carnet sur lequel je peux t'écrire, seul rempart contre la folie qui s'empare peu à peu de moi), et je commençai à ramer. Rien d'autre n'aurait pu me permettre de l'atteindre. Nestine nous avait bien prévenus. Je ramai, et ramai encore, laissant mon instinct surnaturel guider ma direction. Je devais me dépêcher, je n'avais plus que sept jours avant que les flots ne se déchaînent à nouveau !

Et c'est alors que je le vis, splendide, posé sur son nid. Tel un cygne doré trônant au milieu des flots. Je ne pouvais que m'ébahir devant sa beauté surnaturelle. Et cette vieille Nestine qui voulait le voler ! Comment l'idée même de s'emparer d'une telle majesté pouvait-elle effleurer un esprit humain ? Alors que l'inertie de mon canot me faisait avancer vers lui (j'avais depuis longtemps cessé de ramer, trop ébloui par sa beauté), je vis la créature se dresser, de toute son arrogance, et battre de ses ailes de dentelle cousue d'or d'un air des plus menaçants.

J'en étais certain à présent : bien sûr que non, jamais je ne lui aurais volé ses œufs si splendides, peu importaient les pouvoirs qu'ils pouvaient détenir ! Et alors que je me noyais dans le regard de la créature, je sentis mes sentiments se déverser dans les siens, et soudain je compris. Les choses ne sont nommées que parce que chaque nom a un sens. Moi, Alcyon, me suis enfin retrouvé moi-même. Voici la fin de ce message. Laisse-moi plonger en moi. Adieu, mon amour.

Re: L'Alcyon

Publié : 01 juil. 2015, 23:16
par Natsu
J'aime beaucoup ! Je me suis posée quelques questions en lisant : comment fait-il pour l'eau et la nourriture après avoir constaté la mort de l'équipage ? De quoi sont morts les hommes ? Pourquoi voulait-il brûler le journal de bord du capitaine ? Au début, il dit qu'il pilote un voilier, mais à la fin il dit qu'il est dans le canot... si le récit s'étale sur plusieurs jours, il faudrait peut-être l'indiquer au lecteur avec par exemple "je poursuis mon récit après un sommeil agité" ou "la tempête a occupé toute mon attention pendant deux jours entiers". Comment sont les œufs et quels pouvoirs ont-ils ? Jette t-il la lettre dans une bouteille ou la confie t-elle un oiseau ? Il y a quelques répétitions de mots "parmi" et "en arriver là", et sinon, je trouve le style fluide, et intéressant ! Bonne continuation !

Re: L'Alcyon

Publié : 09 juil. 2015, 15:26
par Leonie
Oulah, mais je réfléchis pas si loin moi, ou du moins ça me semblait pas si obscur quand je me suis relue!

Pour les vivres: ils en avaient pour plusieurs mois pour 8 personnes, vu qu'ils ne savaient pas combien de temps allait durer l'expédition. Une fois le reste de l'équipage mort, il est tout seul à bord et a tout pour lui (surtout qu'il peut largement fouiller pour trouver où étaient entreposés ceux qui avaient été volés plus tôt dans l'histoire)
De quoi sont morts les hommes ?
Du fait qu'Alcyon est devenu un peu fou à force d'être enfermé, toute sa magie s'est déclenchée d'un coup en mode berserk, c'est son "aura" qui les tue comme des mouches mais il ne contrôle absolument bien de ce qu'il fait! Comme il ne sait pas qui est le véritable responsable, il tape dans le tas! Il me semblait que ces passages le sous-entendait suffisamment:
Quand je me sentis fin prêt à contrôler ce que j'appellerais cette « aura », je brisai mes chaînes, franchit cette porte qu'un humain aurait qualifiée de fermée à double tour, et montai l'escalier qui menait au pont. Je n'ai plus que de vagues souvenirs de ce qui se passa durant ce laps de temps. Je sais que je les voyais tomber autour de moi, un à un, mais qui étaient-ils ?
Je ne saurai jamais pourquoi ils m'avaient oublié là, et quelque part, je préfère ne pas le savoir. Mais de toutes les hypothèses que je peux imaginer, aucune ne me fait regretter mon geste, quel qu'il ait été. Comme ils avaient été mes compagnons malgré tout, je choisis de leur offrir le dernier hommage que l'on peut offrir à un marin, et je les rendis aux flots. Que notre mère à tous décide quoi faire d'eux, moi-même je n'en étais plus capable.
C'est comme les blagues qu'on doit expliquer, ça veut dire que j'ai raté mon coup... Mais j'aime bien laisser le mystère et l'imagination au lecteur perso! C'est pas drôle si on doit tout expliquer (surtout les phénomènes magiques: "et là, il sort la formule n°4375, ayant pour effet de tuer toutes les personnes que tu rencontres mais comme effet secondaire amnésie partielle"

Pourquoi voulait-il brûler le journal de bord du capitaine ?
Parce qu'il ne contrôle plus du tout sa magie, il devient complètement fou, et il ne veut surtout pas savoir si son père (le capitaine) l'a trahi ou a pris sa défense! Il préfère ne jamais rien savoir, de toute façon c'est trop tard il a déjà tué tout le monde, quel intérêt de le lire?
Au début, il dit qu'il pilote un voilier, mais à la fin il dit qu'il est dans le canot...
J'ai bien précisé au début du texte:
Me voilà seul à piloter ce voilier, alors tu imagines, je le devine, mes chances de retour… A moins de ramer jusqu'à terre avec le canot ? Je verrai bien, si l'on doit en arriver là…
Je considérais qu'il s'agissait d'une petite goélette nécessitant 8 hommes d'équipage (dont capitaine et second), et donc possédant un canot de secours (ne serait-ce que pour aller à terre). Là encore, pour une nouvelle, il ne me semblait pas nécessaire de décrire tous ces détails.
si le récit s'étale sur plusieurs jours, il faudrait peut-être l'indiquer au lecteur
Euh...

1) je suppose qu'elle est née sans encombres (donc il est parti depuis plusieurs mois)
2) Je suis au regret de t'annoncer qu'il est disparu en mer depuis dix jours,
3) Les premiers jours se passèrent sans encombre.
4) Après quelques jours prisonniers,
5) Les jours s'écoulèrent ainsi, j'arrêtai de les compter

Sérieusement, à quel moment j'indique que ça ne se passe qu'en un jour?
Pour faire plus clair: il récupère le papier et l'encre le jour de la mort de l'équipage, passe 10 jours à raconter son histoire sur une lettre/journal intime, puis se décide à poursuivre la "quête" d'Ernestine (retrouver l'Alcyon). Quand il le trouve et que le voilier n'avance plus (effet magique de la créature qui calme la mer autour d'elle pendant 7 jours), même ses pouvoirs magiques ne font plus avancer le voilier.
Il prend donc le canot pour ramer, et au cas où il aurait besoin de raconter la fin, prend aussi son journal intime (à ce stade ce n'est plus vraiment une lettre).
Et une fois que l'Alcyon et lui ne font qu'un, il raconte la fin dans un ultime adieu et abandonne toute son humanité. Mais là encore, raconter les détails de la fin, c'est gâcher toute l'imagination du lecteur et la magie de l'histoire (je trouve).
Pourquoi les oeufs?
L'Alcyon est une créature mythologique grecque aux vertus réputées (philtre d'amour, vermifuges etc.) selon la partie de son corps que tu utilises, je me suis dit qu'une sorcière voudrait carrément un oeuf (plus simple, il y a tout dedans)

Quant à la lettre, je ne répondrai pas à la question. Le but est justement que chacun s'imagine ce qu'il veut sur cette créature, la magie du héros, le lien entre eux, etc.
Est-ce qu'il retrouve sa femme? Est-ce que la lettre lui parvient? Est-ce qu'il est en pleine hallucination et n'a jamais trouvé l'oiseau et est juste devenu complètement cinglé? Moi-même je ne veux pas connaître toutes les réponses et préfère rester dans le doute!
C'est ce que j'adore dans le fantastique, on y croit ce qu'on veut :D

Re: L'Alcyon

Publié : 09 juil. 2015, 20:22
par Natsu
Merci pour ces explications, je n'avais pas du tout compris que c'était lui qui avait tué l'équipage. En ce qui concerne la chronologie, je comprends que le récit s'étale sur plusieurs jours, mais je trouve qu'il manque un repère chronologique précis, par exemple de dater chaque ajout au carnet, comme dans un journal intime, ou même dans une lettre que l'on écrit sur plusieurs jours afin d'expliquer les changements de contexte.

En fait, d'après ce que tu dis, tu places le lecteur dans la tête de la personne qui est entrain d'écrire la lettre, alors que moi, je me plaçais dans la tête d'un humain ayant trouvé la lettre dans une bouteille, par un oiseau (ou par un autre moyen). Mais je crois que dans chaque cas de figure, il manque une fin à l'histoire. Si l'on est dans la tête de la personne écrivant la lettre, on a besoin de savoir si l'on a survécu, si oui comment, sinon comment est-on mort (s'il était mourant en écrivant adieu, s'il se préparait à se suicider, ou s'il allait tenter quelque chose de risqué pour sa vie et disait adieu au cas où). Si l'on est dans la tête d'une personne ayant trouvé la lettre, on a besoin de connaitre la fin de l'aventure ou de pouvoir la deviner. On pourrait rapidement écarter la maladie mentale car sinon, il aurait été incapable d'écrire, ni de mettre la lettre dans une bouteille ou la confier à un oiseau, ce qui nécessite de la préparation, dans le cas contraire la lettre n'aurait pas pu revenir vers les humains et aurait été noyée dans la mer. Donc, s'il n'était pas délirant, il a bel et bien vu l'oiseau, qui ne l'a pas tué, pourquoi donc dit-il adieu alors qu'il n'est pas mourant (s'il est mourant, pourquoi ne le dit-il pas ?), et a une chance de survie avec les œufs ?

Il y a deux voyages : le voyage de la lettre et le voyage de la personne entrain d'écrire la lettre. On a le début de chaque histoire, mais pas de fin. Si la lettre est morte avec la personne écrivant la lettre, pourquoi est-on entrain de la lire, qui est entrain de la lire ? Si la lettre a survécu, qui est entrain de la lire, dans quel contexte, et pourquoi ne donne t-elle pas d'épilogue au voyage ? Ou alors, quelqu'un est entrain de lire une lettre inachevée, mais dans ce cas, il n'y aurait pas de "adieu", et on saurait qui est entrain de lire la lettre (comment elle est arrivée en sa possession, où, quand, etc.).

Je pense que les détails sont importants, sinon, on ne peut pas se projeter, ni croire en ce que l'on est entrain de lire, c'est pourquoi on conseille aux apprentis écrivains de cartographier l'endroit où se déroule l'histoire, sinon en dessin, du moins en esprit, de faire une biographie détaillée de chaque personnage avec des descriptions physiques (un vrai CV avec photo), d'avoir un plan de l'histoire et sa chronologie. Le fantastique n'échappe pas à ces règles, et demande encore plus de précisions afin de rendre les mondes et créatures décrit(e)s réelles et véridiques pour le lecteur : Tolkien avec ses cartes et descriptions des lieux et personnages, J K Rowling avait des fiches détaillées de chaque personnage dans des boites à chaussures. Même si on ne confie pas tout au lecteur, le lecteur a au moins besoin de savoir où il se situe dans l'histoire, de ressentir les personnages, et de se projeter dans les lieux, donc il faut en confier un minimum et avec des descriptions aussi réalistes et précises que possible. Si tout est aussi net et précis dans ta tête que ce que tu connais dans ta vie réelle, le récit contiendra suffisamment d'indices et de descriptions afin de permettre au lecteur d'entrer dans ce monde imaginaire, donc dans l'histoire. Après, ce n'est que mon avis personnel, l'imagination est une autre réalité, mais une réalité aussi détaillée et précise que celle que l'on nomme "réalité". Ce n'est que par son réalisme que l'imagination prend vie, sinon, c'est comme si Alice ouvrait la porte aux pays des merveilles et y entrait avec un bandeau sur les yeux.

Je ne souhaite qu'enrichir la discussion en y apportant des critiques constructives, je ne souhaite pas du tout offenser ou décourager. Au contraire, ton talent pour l'écriture n'est plus à prouver, j'espère que mes avis ne t'offensent pas.

Re: L'Alcyon

Publié : 11 juil. 2015, 22:04
par Leonie
Tu ne m'offenses pas du tout, au contraire, j'aime les critiques constructives!

J'avais juste parlé dans une première version du fait qu'il sautait du canot, mais je me suis dit que c'était incohérent avec la lettre (justement, où allait-elle atterrir?), donc j'ai rajouté l'adieu en laissant volontairement la fin en suspens, je ne voulais pas "forcer" une fin.

Pour moi, la lettre n'était qu'un prétexte de départ, et au final il ne la confiait à personne (cela finissait davantage en dialogue mental), le héros comprenait soudain qu'il était lui-même la créature, que ses pouvoirs venaient d'elle, qu'il avait toujours été elle et finissait par plonger à l'eau pour la rejoindre et fusionner avec elle. Ainsi, il ne faisait plus qu'un avec lui-même (retrouvant ainsi sa stabilité mentale).

C'est vrai que du coup, partir du principe qu'il écrit une lettre à sa famille embrouille tout, puisqu'on ignore si quiconque la lit un jour. En fait, je m'imaginais écrire un jour une suite avec Alcyon rentrant chez lui, mais enfin entier (acceptant sa magie et sa part de créature mythique).
Il y aurait eu toute une explication avec Ernestine, il aurait pu devenir son apprenti etc.

En fait, il s'agit d'une petite nouvelle faisant suite à un personnage d'Alcyon que j'avais déjà écrit (les sept années disparues correspondent à une fan-fiction dans un univers pseudo-Harry Potter)

Bref, j'ai tout mélangé, et comme j'ai dans ma tête des tas d'éléments en plus, ça me semblait clair, visiblement pas tellement...

J'aime écrire à la première personne, ça me semble beaucoup plus fusionnel avec le personnage, mais ce n'est pas évident à insérer comme point de vue pour être cohérent tout du long! :D

Re: L'Alcyon

Publié : 13 juil. 2015, 21:03
par Natsu
L'aventure dont tu parles est super intéressante ! Il faudrait l'inclure au récit ! En fait, on dirait le début d'une histoire passionnante ! Et avec la fan-fiction dans un univers pseudo-Harry Potter, cela m'intrigue d'autant plus ! J'ai hâte de lire la suite !