la culpabilité sexuelle

Vous voulez parler -ou entendre parler de l'asexualité ? Faites-nous part de ce qui vous passe par la tête, comment vous ressentez votre asexualité, votre relation aux autres, comment tout ceci influence votre vie.
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clotaire
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par clotaire »

Pour moi, viol = délit = il y a un coupable

Donc comme l'ont dit justement tes contradicteurs Hestia, si on ne peut pas prouver que "l'agresseur" est coupable (= s'il n'était pas au courant que l'autre se forçait), il n'y a pas de viol qualifié. Du coup ce qu'avance Baelfire est assez juste à mon sens.
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Hestia
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par Hestia »

Sauf que moi je trouve que lorsqu’on parle de viol, on ne prend jamais en compte l’insistance et les reproches que le demandeur impose à la victime pour l’inciter à sa volonté de satisfaire ses pulsions sexuelles. Ici sous prétexte que la victime n’aurait pas pris la peine de dire clairement je n’ai pas de désir sexuelle envers autrui, le viol n’est pas reconnu, alors vous avez peut-être raison, mais je suis plutôt d’avis de dire que céder ce n’est pas consentir, et un viol est un rapport sexuel non consenti.

Remarque, c’est une manie dans la culture du viol de rendre les victimes de viol ; les femmes en particulier, responsables de l’agression qu’elles ont subies.

Quoiqu’il en soit viol ou pas viol personne ne devrait être forcé à avoir des relations sexuelles.
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par PassionA »

Non, je soutiens Hestia, il existe plusieurs degrés au viol. Tous les catégorisés comme des agressions n'est pas juste. il m'est arrivé de me sentir violé après coup, parce que je n'étais pas prêt du tout à ce qui allait se passer même si, de base, j'étais consentent à avoir un rapport. Durant ce viol, mon esprit partait loin, il flottait dans la pièce et regardait la scène de l'extérieur.

Quand on cède, ou que l'on consent, il n'est pas pour autant dit qu'on accepte tout ce qu'il peut se passer. Le soucis c'est qu'il est difficile d'incriminer quelqu'un qu'on apprécie par ailleurs et on va avoir tendance à laisser passer même si on en souffre. D'une certaine façon, j'ai toujours eu des problèmes avec les rapports sexuels et la violence que certaines personnes y appliquent, même si pour elles il s'agit de quelque chose de naturel ce n'est pas ma vision des choses et je ressens cela comme une agression. Quand on est jeune et pas sûr de son orientation, il est facile de se laisser faire et de ne pas être capable de refuser quelque chose qui nous déplait, si ce n'est après coup. C'est une forme de viol, je ne vois pas d'autres mots.
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par Aphélie »

Je me retrouve également dans les propos d'Hestia. J'ai plusieurs fois ressenti le passage à l'acte comme un viol, dont je portais la culpabilité puisque j'avais donné mon consentement (ou plutôt je n'avais pas refusé) mais où je cédais uniquement à la pression - de la société, du couple, de l'autre. Ma première fois était un acte désespéré parce que je sentais que si je n'y passais pas, il en était fini de notre relation. J'étais jeune, je ne connaissais pas l'asexualité, et aujourd'hui je ne ferais plus cette erreur, mais j'ai du mal à me blâmer pour autant. Avec le recul je ne sais même pas comment mon ex a pu ne pas se rendre compte que même si je disais oui, mon corps disait non : je n'ai jamais fait semblant d'en avoir envie ou d'apprécier ça, et je pense que n'importe qui aurait pu se rendre compte que je me forçais. Après je ne veux pas jeter le tort sur lui non plus, il n'était pas dans ma tête, et je le comprends bien. Alors peut-être que c'est une agression sur notre propre personne, avec un complice inconscient, mais je ne pense pas que parler de viol soit un terme trop fort. La pression exercée sur une personne pour qu'elle soit sexuellement active, surtout au sein d'un couple, est réelle et plus néfaste qu'on ne le réalise.
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par Suiko »

Ici sous prétexte que la victime n’aurait pas pris la peine de dire clairement je n’ai pas de désir sexuelle envers autrui, le viol n’est pas reconnu, alors vous avez peut-être raison, mais je suis plutôt d’avis de dire que céder ce n’est pas consentir, et un viol est un rapport sexuel non consenti.
Le truc c'est que le fait de savoir ça, ça change bien le comportement de la personne en face. Je veux dire, moi par exemple, avant que je parle de l'asexualité à mon copain, quand je disais "non", il insistait, il ne comprenait pas. Mais depuis que je lui en ai parlé, même si on est pas sûr que ce soit ça, bah maintenant il n'insiste plus, et il n'ose même plus demander du tout. Je ne pense pas vraiment qu'on puisse considérer mon copain comme un violeur...
Après, comme je l'ai dit plus haut, je comprends bien que pour la victime, ça ait le même effet qu'un viol...
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par Hestia »

Moi je ne trouve pas normal d'insister; si quelqu'un est face à des refus répétitifs au lieu d'insister encore et encore jusqu'à ce que la personne dise "Oui", iel se doit de chercher à comprendre, quitte à engager la conversation. C'est bien gentil de dire que c'est la personne qui ne veut pas coucher qui doit dire la vérité, mais je trouve inexcusable que sous prétexte qu'une personne veuille satisfaire ses pulsions sexuelles, celle-ci préfère insister pour obtenir ce qu'elle désir au lieu de savoir ce qui pousse l'autre à refuser de passer à l'acte.

Après je n'irais pas jusqu'à dire que célui qui viol est un violeur, mais à partir du moment qu'on adopte un comportement qui force quelqu'un à avoir un rapport sexuel alors qu'il en a strictement aucune envie d'avoir, il est bien question de viol. Donc dire "Il n'y a pas de viol car ceus qui viol n'ont pas conscience qu'iels passent autre du consentement de la personne qui satisfait leurs pulsions sexuelle" c'est se voiler la face: Car la vérité iels sont juste tellement désireuxse de satisfaire leur pulsion sexuelle, qu'iels n'ont rien à faire que la personne puisse ne pas vouloir avoir une vie sexuelle active, et comme les media associe viol à une agression sexuelle, le violeur ne se définira pas comme un violeur, et vu que sa victime a fini part céder ou réalisée après coup qu'elle subit un viol, la majorité partent du principe que ce n'est pas un viol.


Le problème c'est que j'ai l'intime conviction que les gens ne se rendent pas compte que violer quelqu'un, ça ne se résume pas à agresser physiquement une personne et la forcer à avoir une relation sexuelle, il s'agit bien d'avoir une relation sexuelle avec une personne qui est forcée ou qui force l'autre à avoir un rapport sexuel. Je dis bien être forcé.e. et non pas se forcer car il y a à mon sens une certaine différence entre se forcer à faire quelque chose; car c'est nous qui décidons de nous forcer d'agir, et être forcé.e. qui implique qu'un élément extérieur, nous oblige à faire quelque chose qu'on ne désir aucunement faire.
Je suis une personne non-binaire. J'apprécie qu'on parle de moi avec des mots et des phrases épicènes. Mais j'accepte qu'en m’accorde au féminin lorsqu'il est difficile de faire autrement.
Ramón

Re: la culpabilité sexuelle

Message par Ramón »

Viol et violence sont deux termes on ne peut plus liés : si tu te fais violence, c'est qu'il y a un viol à un endroit. La définition juridique est, à cet égard, limitée puisqu'elle reconnaît surtout la pénétration non consentie. Le résultat a été que ma mère, après un signalement, a vu une grand-mère et une mère obtenir un non-lieu pour le viol du petit-fils/fils. Pas de pénétration, pas de viol. Pourtant, le terme viol intègre la notion de violence subie.
Le problème est aussi qu'après les premières fois, on sort progressivement du viol, on entre dans le consentement, quand bien même ce dernier serait une rationalisation de la situation.

Sinon, les madz peuvent bien dire ce qu'elles veulent, une norme c'est le comportement majoritaire ou alors une règle sociale. Donc il existe des normes. Et à cet égard, qu''une personne culpabilise ou soit culpabilisée au niveau de sa non appétence sexuelle est une norme. Et c'est à partir de ce constat qu'il faut commencer à déconstruire le modèle et ses normes.
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shironimo
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par shironimo »

Mr.Nya a écrit :Viol et violence sont deux termes on ne peut plus liés : si tu te fais violence, c'est qu'il y a un viol à un endroit. La définition juridique est, à cet égard, limitée puisqu'elle reconnaît surtout la pénétration non consentie. Le résultat a été que ma mère, après un signalement, a vu une grand-mère et une mère obtenir un non-lieu pour le viol du petit-fils/fils. Pas de pénétration, pas de viol. Pourtant, le terme viol intègre la notion de violence subie.
Le problème est aussi qu'après les premières fois, on sort progressivement du viol, on entre dans le consentement, quand bien même ce dernier serait une rationalisation de la situation.

Sinon, les madz peuvent bien dire ce qu'elles veulent, une norme c'est le comportement majoritaire ou alors une règle sociale. Donc il existe des normes. Et à cet égard, qu''une personne culpabilise ou soit culpabilisée au niveau de sa non appétence sexuelle est une norme. Et c'est à partir de ce constat qu'il faut commencer à déconstruire le modèle et ses normes.
J'ai une amie qui a subit une agression sexuelle (tentative de viol) par un membre de sa famille. Ce "type" a eu droit a un non lieu.
Pourquoi ? Car sur tous les appels quelle avait reçue, elle a répondu 1 fois .
Le juge a déclaré que c'était comme "consentir". :lol:
Ce type est en liberté, il a "juste" eu l'interdiction de l'approcher.

Sinon je rejoins Hestia sur le fait que insister c'est être égoïste, une personne qui dit non : c'est non. Point barre.

Mais aussi, une personne qui dit rien =/= consentement. Une personne peut être choqué/surprise ou j'en passe sur le moment et ne pas réagir...
Le consentement pour moi : C'est quelqu'un qui accepte (aka "oui") en ayant conscience de la chose (pas bourrée ou autres).
Dire que la personne (de mon point de vue) n'est pas "consciente" est comme le dit Hestia : se voiler la face.
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par Suiko »

Moi je ne trouve pas normal d'insister; si quelqu'un est face à des refus répétitifs au lieu d'insister encore et encore jusqu'à ce que la personne dise "Oui", iel se doit de chercher à comprendre, quitte à engager la conversation. C'est bien gentil de dire que c'est la personne qui ne veut pas coucher qui doit dire la vérité, mais je trouve inexcusable que sous prétexte qu'une personne veuille satisfaire ses pulsions sexuelles, celle-ci préfère insister pour obtenir ce qu'elle désir au lieu de savoir ce qui pousse l'autre à refuser de passer à l'acte.
Là, finalement je dirais que la personne qui insiste est elle-même victime de la société du sexe dans laquelle on est. Tu sais, dans les images de l'article, à la 1ere il y en a un qui s'écrie "Mon Dieu, on est à la fin de semaine et on a baisé que deux fois !". Ca veut bien dire ce que ça veut dire... la personne se sent obligée d'insister car elle a peur que son couple soit "anormal".
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par shironimo »

Oui, mais être une victime n'empêche pas d'être à son tour un bourreau.

Après je dis pas que la personne qui te dit "bon s'il te plaît ect" est un violeur ou potentiel, hein.
Juste que si cette insistance se répète voir continue malgré plusieurs refus ou que la personne soit limite dégoûtée, pour moi ça relève du viol.

Je sais pas moi, si j'étais S et que mon/ma copain(e) me dit non, je lui demande pourquoi ou "très bien, comme tu le souhaites". :roll:
Ramón

Re: la culpabilité sexuelle

Message par Ramón »

Le positivisme juridique, et notamment le principe juridiquement de discernement, nous expliquent depuis un siècle et demi que l'on est beaucoup trop influencés par le monde social pour être totalement responsable. Le résultat, c'est que l'on va vers le déni de la reconnaissance de la victime comme victime, puisque tout le monde devient plus ou moins une victime (de la société, de son corps,...), et on finit par dire qu'un ancien violé n'est pas totalement responsable du viol qu'il commet.
Nous manquons d'intransigeance dans la Justice, tout simplement parce que nos sociétés sont traumatisées par la violence, la violence de la seconde guerre mondiale, la violence de la société, la violence de la Justice, la violence du quotidien. Une violence qui a une forte tendance à paralyser les victimes. Une contradiction dont on peine à se sortir.
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par shironimo »

je suis tombé sur cet article/bd qui parle justement du viol et du consentement:
http://www.madmoizelle.com/viol-definit ... ons-620017
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par Hestia »

Je viens de lire une analyse d’une intrigue qui aborde la question du viol dans une situation où la victime est ivre tout comme la personne qui l’aurait violé ; que voici ci-dessous. Je poste l’analyse car je la trouve très intéressante, et ayant vu l’intrigue en question je comprends parfaitement pourquoi les personnages comme les téléspectateurs ne sont pas tous du même avis.

http://la-folie-des-seriestv.skyrock.co ... u-non.html

Pour ma part, je suis du même avis que l’auteur.e. de l’article, à savoir qu’il y a bien eu un viol puisqu'il y a une absence de consentement de la part de l'une des 2 personnes ayant eu la relation sexuelle, mais que le jeune homme qui a violé la jeune femme n’est pas forcément un criminel qui cherche à violer autrui délibérément. Ce qui au passage me permets de faire remarquer que ce n'est pas parce que je considère qu'un viol est une relation sexuelle non consenti que cela signifie que je considère que toutes les personnes qui commettent un viol sont des criminels qui doivent être mis en prison. Je m'oppose aux viols et à la culture du viol car j'estime que la société dans laquelle nous vivons réduit le viol à un seul element, et se permet même de nous inciter à rendre les victimes entièrement responsables de ce qu'iels subissent qu'importe la manière dont le viol se déroule, et c'est à mes yeux dramatique.
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Re: la culpabilité sexuelle

Message par galaad »

tu définis très bien la culture du viol, effectivement, la victime n'est pas seule responsable et l'agresseur n'est pas forcément malsain non plus.
Méfiez vous des seraphins, leur fureur peut être destructrice, si vous croisez l'un d'entre eux, il pourra vous sauver la vie ou vous tuer d'un revert de main...

"on ne peut guère vivre sans amour, mais on peut vivre sans sexe"

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