En tant que future enseignante, je ne suis pas d'accord sur ce point. D'une part, tu ne prends pas en compte les enfants qui subissent chez eux des abus sexuels et que ce genre de chose pourrait encore plus plonger dans leur traumatisme. L'école est un lieu d'apprentissage et non un lieu de thérapie, et les apprentissages doivent être faits dans un cadre sécurisant, or, pour certains élèves, cette sécurité disparaîtrait si on leur mettait ce genre de truc sous le nez comme ça, d'un coup. Et du point de vue enseignant, c'est déjà très dur quand on découvre des choses choquantes sur nos élèves par exemple lors d'un débat, ou dans une production d'écrit, et nous ne sommes pas psys et donc pas formés à gérer les crises psychologiques de nos élèves, d'autant plus que ce n'est pas notre boulot. Décider de sacrifier une partie des élèves pour le bien commun, d'une part, c'est injuste, et d'autre part ça s'appelle de l'élitisme et c'est ce contre quoi lutte l'école depuis un bon moment, notamment avec les Lois d'orientation pour la refondation de l'école. C'est déjà assez difficile comme ça avec les programmes qui changent à chaque nouvelle élection. Que ce soit laisser ceux qui sont en difficulté dans leurs apprentissages de côté pour se concentrer sur les meilleurs, ou imposer des contenus qui pourraient en choquer certains pour que les autres aient une meilleure éducation sexuelle, c'est pareil.Aphélie a écrit :. J'avoue que je préfère prendre le risque de mettre mal à l'aise l'un ou l'autre que de laisser une classe dans l'ignorance, les répercussions sont autrement plus sérieuses sur le long terme
En plus, si on prend le cas des élèves attachés à une religion, tu peux être sûre qu'après une séance là-dessus, les parents seraient à la porte de l'école dès le lendemain avec piques et fourches pour hurler au scandale. Et même sans parler de religion, certains parents jugent que nous n'avons pas à aborder ce genre de choses à l'école, et ils ont le droit de le penser. Les contenus enseignés à l'école sont à la fois issus de savoirs scientifiques mais également sélectionnés selon les pratiques sociales de référence. Autrement dit, la société influence les contenus de l'école qui doivent être reconnus comme légitimes. Et si la société considère par la morale qu'elle préconise que certains contenus sont jugés inadéquats, ils n'apparaîtront jamais dans les programmes et ne devront jamais être abordés en classe.
Maintenant, je suis d'accord, l'éducation sexuelle est bancale et mériterait d'être améliorée chez nous, et c'est d'ailleurs un des points importants des nouveaux programmes 2016. Après, il ne faut pas oublier que même si les enseignants ont un devoir de neutralité, à l'école on travaille avec de l'humain, et donc si certains ont du mal à aborder le sujet, on ne va pas les y forcer, pas plus que les élèves. Et là où ça devient casse-tête, c'est que si la société n'évolue pas sur sa vision de la sexualité, elle ne changera pas son influence sur les contenus de l'éducation sexuelle, et en même temps c'est un des devoirs de l'école que de forger les futurs citoyens de notre société. En gros c'est le serpent qui se mord la queue :/