Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

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PassionA
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par PassionA »

Je ne pense pas que vous ayez tord ni l'un ni l'autre.

Comme le dit Baelfire, on nous demande de faire des choix assez importants très jeune et qui vont avoir un impact important sur la suite des études (essaye donc de bosser dans la littérature quand tu as ton bac S, ou inversement). Les professeurs peuvent parfois fortement influencer voire dicter au parents ce choix - genre moi on m'a pas donné le choix. En même temps, chaque branche d'enseignement est très générale et ne vient apporter qu'une base, base qui ne sert pas à grand chose au sortir du bac quelque soit le domaine puisqu'il faut s'engager dans un parcours de second cycle (où clairement les bases sont récupérables - j'ai pote prof d'IUT c'est fou le nombre d'élèves qu'il a qui n'y connaissent rien du tout au domaine en question).

Souvent, je regrette de ne pas avoir choisi une voie considérée moins noble quand j'étais étudiant, qui est celle du CAP. Je pense que malgré ma facilité d'apprentissage et mon bon niveau scolaire, j'avais vraiment besoin d'apprendre à faire un métier (ou de m'essayer à différentes choses mais dans un domaine professionnel). D'ailleurs aujourd'hui j'ai une licence qui me sert à rien (ah, les maths), un BTS dans lequel je n'ai jamais vraiment trouvé de boulot (ah si, faut aller à Paris), une formation artistique qui me demande de m'expatrier pour bosser, et enfin un CAP en sécurité qui me fait manger... Il y a 5 ans, j'ai voulu reprendre l'université pour me lancer dans un projet lié à ma passion pour l'Histoire, mais c'est un parcours du combattant pour au final probablement toujours bosser dans un job alimentaire pour payer les factures, alors j'ai baissé les bras.

Le point le plus important, il me semble, c'est avant tout qu'on nous demande d'être incroyablement mobile. Comme si il allait de soi de devoir faire 1000 bornes ou de s'expatrier pour ne serais-ce que travailler dans notre domaine (et internet qui nous vendait le travail à domicile...). Pour les personnes comme moi, cette contrainte est impossible à tenir. Alors voilà, je fais le ménage et de la sécu et j'ai fait une croix sur le travail comme moyen d'épanouissement.
Ramón

Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Ramón »

Ah la mobilité, le nouveau sacerdoce des gouvernements et des grosses entreprises... Une catastrophe économique => coûts écologiques, énergétiques et structurels élevés qu'il faut payer.

Sinon, il y a un changement actuellement depuis 20 ans environ, les cursus généraux ont de moins en moins d'attraits par rapport aux cursus techniques. Et effectivement, le principe d'un cursus général bah... que tu sois en S, ES ou L, bah tu peux bifurquer facilement niveau études (une amie de L est devenue orthophoniste, profession qui demande un sacré bagage scientifique), c'est juste que ce n'est pas intuitif. Et globalement, à la fac, il faut arriver au Master pour seulement commencer à se spécialiser, sinon la plupart des formations sont généralistes. Donc elles n'ouvrent à aucune compétence réelle.
Et vu que la demande provenant des parents (et des ados et jeunes adultes) est justement que l'école propose des compétences et non plus du savoir, il y a une adaptation progressive du système scolaire. Elle provient directement du fait qu'au lieu de laisser les entreprises former (ou créer des écoles de formation), l'Etat a voulu s'approprier la chose et passe par une taxe d'apprentissage qui déresponsabilise les entreprises de ce travail. Un système bâtard qui connaît des hauts et des bas (on garde la main d'oeuvre parmi la plus productive au monde, mais le niveau scolaire chute toujours plus). A ce jeu là, c'est l'Asie qui a tout compris (Chine, Japon, Singapour, Corée notamment), et nous ne sommes pas près de passer au modèle asiatique. Rien que pour reprendre l'exemple de Lone Wolf, le système japonais serait, en France, considéré comme fasciste/communiste/liberticide/élitiste/choisirlamention...

Mais oui Raccoon, ne t'en fait pas, l'important est qu'avec tes facultés, tu arrives à trouver un boulot qui s'accorde avec. Si tu doutes, il y a la possibilité de faire des bilans de compétences, cela permet de t'offrir une image (imparfaite) de toi-même vis-à-vis de ce que tu es capable de faire professionnellement et personnellement.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Sleepless Knight »

C'est quand même très anxiogène ces histoires d'études et de travail...
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Baelfire »

Absolument. Mais en même temps c'est le but je crois. ♪Apprendre à souffrir♫
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Baelfire »

Mr.Nya a écrit : 05 avr. 2018, 12:55 l'Etat a voulu s'approprier la chose et passe par une taxe d'apprentissage qui déresponsabilise les entreprises de ce travail.
C'est tout à fait vrai actuellement. La taxe d'apprentissage participe au financement des CFA (Centre de Formation des Apprentis). Ainsi vous pouvez bénéficier gratuitement d'une formation dans les établissements agréés CFA. Je voudrais juste apporter une petite mise en garde puisque je suis en première ligne pour voir (et subir ?) comment les choses "évoluent". Dans l'avenir il est fort possible que ce soient les entreprises qui vont reprendre ça en main. Parce que l'Etat a décidé de se déresponsabiliser au maximum.

C'est ainsi que depuis environ 4 ans les entreprises sont devenues (de manière obligatoire) ou vont devenir :

- formatrices (obligation de former à quelque chose les salariés)
- fournisseuses de mutuelles (parce que la sécu prend de moins en moins en charge)
- collectrice d'impôts (coucou prélèvement à la source :roll: ),
- médecins du Travail (obligées de diagnostiqué elle même les salariés pour les envoyer puisque les visites régulières vont s'estomper puis disparaître)...

Cette liste est non exhaustive et ne cessera d'évoluer. A savoir que ces obligations sont aussi chiantes à mettre en place qu'à suivre puiqu'elles sont constamment mises à jour. Il faut guetter les lois dés qu'elles sortent/changent et ne rien laisser passer.

Je n'ouvrirais pas le débat sur les métiers publiques et ce qu'ils deviennent ou plutôt ne deviendront jamais. Si vous suivez l'actualité vous savez le chemin que ça prend.

Bref tout ça pour dire que si l'école pouvait arrêter de se faire passer pour ce qu'elle n'est pas et travailler pour de vrai à ouvrir les esprits plutôt qu'à les conditionner ça irait déjà beaucoup mieux.

Les entreprises s'occupent "d'éduquer" leurs salariés. Chacun son rôle merci bien.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Raccoon »

En fait aussi bizarre que cela puisse paraitre je pense que vous raison tous les deux. Je pense que l'école fonctionne comme un organisme de formation pour entreprise dans le sens où l'on t'apprends à être "dirigé", à être "performant" (système de notation etc) et à créer des relations, cependant, cela ne te prépare en rien à un métier : pas de pratique, bourrée de théorie et peu de mise en situation. Il suffit de voir l'apprentissage des langues pour constater ce phénomène : on fait masse de vocabulaire et de grammaire mais on est incapable d'avoir une conversation décente avec un étranger.
Bref, le système scolaire est un énorme échec car il cumule tous les défauts possible au lieu de mettre en avant les qualités qu'il faudrait développer. Sans parler des changements constants de programme, de réglementation... C'est vraiment triste qu'on en soit arrivé là.

EDIT : j'étais restée sur la première page j'avais pas vu les réponses qui ont suivi. ^^ Et du coup oui je suis d'accord avec PassionA, moi aussi je regrette de ne pas avoir pris la voie du CAP, d'autant plus que j'avais failli prendre cette décision et que les profs m'ont fortement fait comprendre que "j'avais les capacités" pour autre chose. Comme si faire un CAP était quelque chose de honteux... C'est vraiment triste de voir que la théorie et les grands mots sont mis bien en avant du savoir-faire.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Olib »

Pour appuyer un peu ce qui a été dit, à titre personnel et ayant fait des études universitaires, je considère que les périodes les + formatrices au cours de ma scolarité furent : les jobs étudiants et les stages. C'est là que j'ai acquis une réelle formation technique (pour les stages) et une formation du "savoir-être" (pour les jobs étudiants + bénévolat dans des assos) = savoir travailler en équipe, savoir s'adapter à un environnement changeant, etc.
Pour le moment je suis en thèse, donc tous les fondements théoriques que j'ai appris à la fac me sont encore utiles ici et là, mais en principe je ne poursuivrai pas dans le milieu de la recherche et, ce qui me restera alors de ce qu'on m'a appris à la fac c'est éventuellement de savoir utiliser excel + quelques connaissances en stats et utilisation de logiciel statistiques que je pourrai réutiliser. Ah et Power-point, aussi. Quand on compile tout ça, pour quelqu'un qui n'a pas fait de stage ni boulot étudiant à la sortie du M2, je trouve que ça fait très très peu pour 5 années d'études.

Bref, au final quand t'es à la fac c'est + les expériences extérieures au cursus qui t'apprennent des choses qui pourront servir par la suite. Et j'ai le sentiment que c'est d'ailleurs aussi ça que les employeurs regardent sur le CV. Le diplôme, on s'en fout. Aujourd'hui, tout le monde a un diplôme.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Sleepless Knight »

Pour être en pleine études, je trouve aussi que c'est la partie stage qui m'apprend le plus.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Arianou »

Lors de nos études, on apprends à réfléchir. Le reste on l'apprends avec l'expérience.
Lors des stages, on ne voit pas tout et les cours permettent d'avoir une ouverture sur d'autres sujets. Il faut les 2 le théorique et la pratique.
Apres faut pas avoir peur de s'ouvrir à d'autres métiers.
Ramón

Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Ramón »

Y'a pas à chiquer, l'expérience s'acquiert par la pratique. Et si les études n'apprennent pas tant à réfléchir que ça (rares sont les disciplines à proposer cela en tout cas), elles nous apprennent pourquoi le mimétisme est aussi important : si on ne nous apprend pas comment se servir d'un marteau, il est tout à fait possible que se dise que c'est un outil pour peindre un mur. La réflexion est hors du champ de l'éducation/enseignement/instruction, la réflexion étant plus un mode d'introspection qui nous permet de "re-tourner" en soi et suivre le chemin que nous avons emprunté, d'en élaborer une connaissance (développant ainsi la "con-science" de soi => "avec-connaissance" de soi). Cette réflexion peut nous amener à innover quant à l'utilité du marteau, et à trouver, pourquoi pas, un moyen d'utiliser ce marteau pour peindre (je pense à Juan Romano Chucalescu, dit "le grand innovateur" :P).

Sinon, il est heureux que l'Etat ne s'occupe plus de choses qui ne le concerne pas. Ses fonctions sont Justice et Sécurité (sens large, autant des individus et du territoire), pas éducation, énergie ou transport. C'est plus du ressort des petites unités politiques, économiques et sociales.
Raccoon, l'objectif initial de l'école n'est pas de former et de rendre performant (éduquer, "guider hors de"), juste d'instruire, "outiller", et d'enseigner, "montrer". Simplement, dans les années 30 nous avons suivi le modèle soviétique et/ou fasciste partout en "Occident" : c'est les débuts de l'endoctrinement de masse. Et en France, dans les 60's, se créent un Ministère de la Jeunesse et des Sports (plus hitlérien, tu meurs) et un Ministère de la Culture (plus soviétique, tu meurs).
Et pourquoi le désengagement de l'Etat est positif ? Parce qu'il redonne la responsabilité aux petites unités, et c'est bien les petites unités qui ont une vision plus nette et précise des besoins locaux (autant des individus que des communautés d'individus, du quartier à l'agglomération de villes et villages). L'Etat n'a alors qu'à s'occuper de garantir que ces petites unités respectent bien les principes de Justice et de Sécurité. Comme tu le dis Baelfire : à chacun sa spécialité. Demander à un maçon de faire le job d'un cordonnier est un non-sens tant que le maçon n'est pas formé à la cordonnerie et ses techniques.

Je reprends mon exemple : il est absurde pour moi d'être rentré dans les labos de l'EdNat alors que je n'étais pas formé initialement, et qu'il y a un paquet de gens formés qui attendent du boulot. Au final, ça se passe bien, mais mon temps de formation est nettement plus long (et plus coûteux) que si cela avait été un élève des BTS où j'ai bossé il y a 3 ans.
Cela contribue à rendre le monde des études "inutiles" aux yeux du public, et à rendre le travail particulièrement anxiogène pour reprendre Sleepless.
Pour le coup, les "libéralisations" successives des pays scandinaves qui permettent une plus grande flexibilité des personnes sur le marché du travail ont été faites de manière intelligentes : chaque période de chômage renvoie à des sessions de formation, formations qui sont destinées à orienter les personnes vers les secteurs où il y a de l'activité.
Qui, en France, sait que le secteur de la chaudronnerie embauche régulièrement à des salaires élevés ? Pas Pôle-Emploi visiblement, pas les médias,... pas grand monde parmi les détenteurs des outils qui permettent de rediriger les personnes aptes à travailler.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Raccoon »

Mr.Nya a écrit : 06 avr. 2018, 11:16 Y'a pas à chiquer, l'expérience s'acquiert par la pratique. Et si les études n'apprennent pas tant à réfléchir que ça (rares sont les disciplines à proposer cela en tout cas), elles nous apprennent pourquoi le mimétisme est aussi important : si on ne nous apprend pas comment se servir d'un marteau, il est tout à fait possible que se dise que c'est un outil pour peindre un mur. La réflexion est hors du champ de l'éducation/enseignement/instruction, la réflexion étant plus un mode d'introspection qui nous permet de "re-tourner" en soi et suivre le chemin que nous avons emprunté, d'en élaborer une connaissance (développant ainsi la "con-science" de soi => "avec-connaissance" de soi). Cette réflexion peut nous amener à innover quant à l'utilité du marteau, et à trouver, pourquoi pas, un moyen d'utiliser ce marteau pour peindre (je pense à Juan Romano Chucalescu, dit "le grand innovateur" :P).

Sinon, il est heureux que l'Etat ne s'occupe plus de choses qui ne le concerne pas. Ses fonctions sont Justice et Sécurité (sens large, autant des individus et du territoire), pas éducation, énergie ou transport. C'est plus du ressort des petites unités politiques, économiques et sociales.
Raccoon, l'objectif initial de l'école n'est pas de former et de rendre performant (éduquer, "guider hors de"), juste d'instruire, "outiller", et d'enseigner, "montrer". Simplement, dans les années 30 nous avons suivi le modèle soviétique et/ou fasciste partout en "Occident" : c'est les débuts de l'endoctrinement de masse. Et en France, dans les 60's, se créent un Ministère de la Jeunesse et des Sports (plus hitlérien, tu meurs) et un Ministère de la Culture (plus soviétique, tu meurs).
Et pourquoi le désengagement de l'Etat est positif ? Parce qu'il redonne la responsabilité aux petites unités, et c'est bien les petites unités qui ont une vision plus nette et précise des besoins locaux (autant des individus que des communautés d'individus, du quartier à l'agglomération de villes et villages). L'Etat n'a alors qu'à s'occuper de garantir que ces petites unités respectent bien les principes de Justice et de Sécurité. Comme tu le dis Baelfire : à chacun sa spécialité. Demander à un maçon de faire le job d'un cordonnier est un non-sens tant que le maçon n'est pas formé à la cordonnerie et ses techniques.

Je reprends mon exemple : il est absurde pour moi d'être rentré dans les labos de l'EdNat alors que je n'étais pas formé initialement, et qu'il y a un paquet de gens formés qui attendent du boulot. Au final, ça se passe bien, mais mon temps de formation est nettement plus long (et plus coûteux) que si cela avait été un élève des BTS où j'ai bossé il y a 3 ans.
Cela contribue à rendre le monde des études "inutiles" aux yeux du public, et à rendre le travail particulièrement anxiogène pour reprendre Sleepless.
Pour le coup, les "libéralisations" successives des pays scandinaves qui permettent une plus grande flexibilité des personnes sur le marché du travail ont été faites de manière intelligentes : chaque période de chômage renvoie à des sessions de formation, formations qui sont destinées à orienter les personnes vers les secteurs où il y a de l'activité.
Qui, en France, sait que le secteur de la chaudronnerie embauche régulièrement à des salaires élevés ? Pas Pôle-Emploi visiblement, pas les médias,... pas grand monde parmi les détenteurs des outils qui permettent de rediriger les personnes aptes à travailler.
Je suis totalement d'accord les études n'apprennent clairement pas à réfléchir mais je suis désolée, elles le devraient ! Tout ce qu'on fait c'est recracher du par cœur, alors que dans le monde du travail rien ne t'empêche de bosser avec un livre qui contient toutes ces connaissances à tes côtés. Alors certes, les études supérieures ne sont pas censées t'apprendre à faire une réflexion sur toi-même, mais ce serait nécessaires pour les plus petits : leur apprendre à trier les informations, ne pas tout prendre pour acquis, se remettre en question, un tas de choses qui seront d'une manière ou d'une autre enrichissantes par la suite au lieu de leur bourrer le crâne de connaissances préfabriquées. Et même si l'expérience s'acquiert par la pratique, rien n'empêche de pratiquer des "ateliers découvertes" afin d'initier les enfants au plus de domaines possible. Le mimétisme n'a pas besoin d'être appris, même un singe a ce réflexe d'observation et de reproduction. Je ne dis pas que l'école devrait faire tout le travail de réflexion étant donné qu'effectivement l'introspection passe par une phase d'auto-apprentissage, seulement, pour initier cette phase, il faut un déclic, un déclencheur, on ne s’amène pas tout seul à une réflexion...

Alors oui sinon il "serait heureux que l'état ne s'occupe pas de ce qui ne le concerne pas". J'utilise le conditionnel car justement, nous avons un ministère de l'éducation, en bien comme en mal (surtout en mal du coup parce qu'il fait clairement mal son job). Et c'est tout le problème car l'état met son nez dans ce domaine, souvent sans avoir conscience de ses réalités et il en ressort de grosses réformes bien illogiques. Je suis totalement d'accord sur le fait que les localités sont plus à même de gérer tout ça, bien sûr ! Seulement actuellement ce n'est pas le cas d'où le problème. Si l'état veut s'investir, qu'il le fasse bien ou pas du tout.

Pour ce que tu soulèves en troisième partie nous sommes d'accord que c'est complètement illogique et contre-productif là encore. Mais je n'ai pas dit le contraire, j'aurais également préféré être formée à quelque chose qui offre du travail, je sais que j'aurais tout de même été satisfaite car même parmi un choix restreint j'aurais su trouver quelque chose qui m'intéressais.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Lau »

Allez, je viens remonter le niveau d'espoir. Moi, je viens d'avoir 22 ans, j'ai choisi mon travail et je l'adore. :mrgreen:
Je le dis un peu partout et à qui veut l'entendre, mais je suis professeur documentaliste stagiaire. J'ai eu mon CAPES en documentation l'année dernière (une année de préparation infernale et intense) et cette année je suis à mi-temps en formation (mon moi intérieur crie "LOL !") et à mi-temps en poste dans un lycée. C'est une année tout aussi infernale et intense mais pas de la même manière. Et l'année prochaine, je serais titulaire sur un poste en collège (#autopersuasion) dans l'académie de Versailles.
Je suis typiquement comme certains camarades de classe dont Lone Wolf parlait. J'ai trouvé des études dans un domaine qui me menait à un job que je voulais faire. Bon, c'était pas aussi précis au début. En terminale, je voulais bosser dans les livres. J'avais discuté avec ma prof doc de l'époque et décidé que ouais, bof, documentaliste tout court plutôt. Et pas de bac+5, les études longues ah ça non, très peu pour moi !
J'ai opté pour un DUT Info Com option documentation (qui n'était pas tant spécialisé doc que ça d'ailleurs !). Des 20 personnes de la classe, j'ai été la seule à vouloir poursuivre en doc à la fin des deux ans. J'ai donc intégré une troisième année de licence en documentation, où j'ai fait un stage qui m'a confirmé que je serais prof doc et puis j'ai embrayé sur un master pro et me voilà, à bientôt bac+5 ! ^^
C'est pas facile tous les jours, surtout qu'on perd notre temps avec une formation en M2 majoritairement déconnectée de notre réalité sur le terrain, mais j'entrevois actuellement ce qui fait la richesse de ce métier à savoir sa polyvalence et un relationnel différent avec les élèves (et puis les livres bien sûr !). Avec quelques frustrations aussi, parce qu'il y a tellement à faire.
On n'est pas des "vrais" profs (bien que notre CAPES soit l'un des plus sélectifs, mais chut) mais moi, ça me convient très bien.
Le 80-20 de Didou, je vais le garder précieusement en mémoire.

J'ai pas changé d'avis sur le fait que les études longues c'est pas pour moi. L'écrire me fait bizarre mais j'aime vraiment pas devoir me poser et réfléchir longtemps sur quelque chose. Les écrits du CAPES, le mémoire de recherche que je dois rendre en juin, j'ai toujours vécu ça comme des corvées. Des exercices auxquels il faut se plier pour accéder à l'étape supérieure. Les bilans et autres rapports de stage, ça j'aime bien par contre. Raconter ce qui est ou a été fait plutôt que se torturer le cerveau sur de l'abstrait. Heureusement que j'ai suivi des études professionnalisantes. Mais je m'égare !

Pour reprendre ce que disait Olib, les périodes les plus formatrices de mon parcours scolaire, ça a effectivement été les stages mais aussi certains cours de DUT. Ils ont pris le temps de reposer certaines bases essentielles. Savoir faire un CV et une lettre de motivation ou bien maîtriser un traitement de texte de fond en comble par exemple. Et j'ai tous les jours l'occasion de me rendre compte que j'ai de la chance d'avoir revu ça, quand je vois mes lycéens faire cinquante mille tabulations pour centrer une phrase ou ignorer ce que justifier un texte veut dire. Je me souviens avoir eu des cours là-dessus en collège, mais j'ai appris que ça avait été supprimé des programmes, parce que "vous savez, maintenant, ils savent faire" (FAUX, les digital natives, ça n'existe pas).

Mais dans tous les cas, je vous rejoins, pour être intervenue auprès d'élèves de première et de seconde pour discuter orientation avec eux, j'ai bien senti que ça pouvait être une source d'angoisse pour un certain nombre. (Et c'est pour ça que j'enfile mes gros sabots et que je leur dis explicitement "Pas de panique, vous avez le temps et on va prendre le temps, ensemble !")
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par clotaire »

Tiens coïncidance, j'ouvre mes mails pros et je vois un message de sensibilisation pour défendre l'Onisep dont la suppression serait annoncée. Je n'ai pas le temps maintenant d'analyser les tenants et les aboutissants de l'affaire, mais il y a une page facebouc à rejoindre et une pétition à signer. Faites comme vous voulez :P
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Raccoon »

Si j'avais eu du courage j'aurais surement suivi la même voie que toi Lau. Je le "regrette" en partie (entre guillemets car je suis tout de même contente d'avoir effectué mes études pour ma propre culture) mais bosser avec des livres à toujours été un rêve, que l'on a vite brisé en me serinant qu'il n'y avait pas d'embauche, que les places étaient très réduites etc. Bon dans l'idée de départ je voulais bosser en bibliothèque c'est peut-être pas le même monde.
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Re: Quel est votre métier ? Vous y sentez vous épanoui(e) ?

Message par Lau »

Raccoon a écrit : 07 avr. 2018, 12:58je voulais bosser en bibliothèque c'est peut-être pas le même monde.
Oh ce n'est pas si éloigné. :)
Et en effet, places limitées et secteur un tantinet bouché, mais ça dépend aussi et surtout des territoires. Faut tenir compte de ce qui se dit sur le secteur, des idées générales (reçues ou non) mais c'est bien aussi de se faire sa propre expérience, pour en tirer les conclusions qui s'imposent. En l'occurrence, pour ceux qui s'en donnent réellement les moyens, les portes s'ouvrent.
Après, si c'est quelque chose qui t'intéresse toujours, peut-être qu'un jour tu auras une opportunité. Après tout, c'est relativement rare aujourd'hui de faire toute sa carrière dans un seul et même secteur/domaine d'activité. Donc ne t'interdis pas ce rêve. ^^

Et pour rebondir sur ce que dit Clotaire, on en est pas encore à la suppression de l'Onisep, mais par contre, on envisage le transfert de la gestion des CIO et de leurs personnels vers les régions.
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