Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Installez-vous confortablement et venez nous raconter toutes vos histoires extraordinaires, même si elles n'ont rien à voir avec l'asexualité.
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PassionA
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Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par PassionA »

Salut à tous, je voulais aborder un sujet qui me tiens à cœur et qui est source de beaucoup de questionnements pour moi ces derniers temps.

Au delà d'être aro-ace, je suis également agenre - cad que je ne me reconnais ni comme un garçon, ni comme une fille. En réalité, le genre m'a toujours paru être quelque chose d'assez flou et ce n'est pas une notion que je saisi très bien, un peu comme l'attirance sexuelle/romantique. Bien sur, je me rends bien compte que les filles et les garçons ne se comportent pas de la même façon et même ont des comportements très stéréotypés, mais c'est quelque chose dans lequel je ne me reconnais pas. Du coup, j'ai tendance à me sentir plus à l'aise quand je vois dans les médias des personnes qui tranchent avec ces stéréotypes, parce que je me dis que je ne suis peut-être pas le seul à ressentir cela. Mais en vrai, je n'ai jamais pu échanger, partager mes ressentis avec d'autres personnes comme ça.

Durant l'essentiel de ma vie jusqu'à maintenant, j'ai fait avec. Je ne me suis jamais senti bien dans ma peau, parce que je n'aime pas ce corps d'homme ni ne suis très intéressé à devenir une femme par une transition, parce que je déteste ce à quoi je suis tenu de ressembler parce que je suis né garçon, parce que je ne corresponds pas aux attentes de mes parents, de la société, parce que jouer ce rôle trop longtemps est au dessus de mes forces. Et pendant longtemps je n'avais même aucune idée du pourquoi je me sentais mal et triste d'exister en permanence. En fait, je me suis si souvent senti mal dans ma peau que j'ai passé l'essentiel de ma vie adulte enfermé chez moi. J'ai toujours été quelqu'un de très introverti et donc exprimer aux autres ce que je ressens est difficile, presque impossible. Chez moi je peux être qui je suis. Je suis à l'abri des jugements, des remarques, des attentes. Je suis à l'abri du regard des autres. J'aime ma solitude plus que tout à cause de ça. Chez moi je suis bien.

Récemment, j'ai découvert que ces choses là avaient des noms, des appellations, et cette révélation fut assez similaire à celle de l'asexualité en terme de choc de savoir qu'on est pas seul, qu'on est peut-être pas si anormal. Du coup ça m'a fait énormément réfléchir sur moi même. Cette dysphorie me pousse à me considérer comme Neutrois, même si je n'attache aucune importance au genre qu'on peut me prêter. J'ai cherché des endroits pour lire d'autres témoignages (reddit, neutrois.com) et je me suis retrouvé dans beaucoup d'entre eux. Mais accepter qui je suis, si c'est une révélation importante pour moi, n'est pas facile. Je veux dire par là que je n'arrive pas à trouver de solution pour sortir de l'impasse dans laquelle je me suis placé au fil des années. On attend de moi que je donne une certaine image, une image qui a toujours été un rôle que je me suis forcé à jouer pour faire plaisir et essayer de trouver une place dans ce monde. Je déteste cette image et elle me rend malheureux mais je ne peux la changer sans bouleverser le fragile équilibre que j'ai réussi à construire ces dernières années, avec ma famille, avec mes amis, ainsi que professionnellement. Et ça m'angoisse beaucoup de devoir y faire face.

Voilà, il y aurait encore bien des choses à dire mais avant cela j'aimerais savoir si certains d'entre vous se retrouvent la dedans et si vous voulez faire part de votre expérience. De plus, si vous connaissez un lieu en français où l'on peut échanger cela m'aiderait beaucoup.
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par fiffi »

Je me reconnais un peu dans ce que tu écrits , en fait j' ai une sensibilité qualifiée de féminine et en lisant certains témoignage de femmes , je m' aperçoit que je réagis comme elles .

j' ai déjà lu des témoignages d' hommes disant qu' ils avaient un aspect de leur personnalité féminin et on est d' accord sur un point : ce n' est pas facile à vivre ! J' ai été élevé par ma grand-mère qui ne ma jamais mis de pression en me disant , par exemple : les garçons doivent se comporter comme ça et les filles autrement . Il m' est donc facile de m' accepter tel que je suis mais je cache cette partie de ma personnalité surtout sur mon lieu de travail : mon coté féminin serait mal vu , incompris et m' attirerais des ennuis .

Je n' ai jamais échangé avec d' autres personnes dans mon cas et je ne connais pas de lieu ou on peut en parler . Je continue donc , comme toi à jouer un role qui , avec le temps a finit par m' amuser quand je pense à, la réaction de mes collègues si ils savaient la vérité ! Le seul problème , c' est que maintenant j' ai du mal à sortir de ce jeu , meme les fois ou j' en ai l' occasion !

Je ne sais pas si mon récit t' aideras mais je n' ai pas trouvé de solution satisfaisante . Je garde espoir que la société accepte un jour les gens qui ne sont pas dans la norme , mais bon ...
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Léonis
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par Léonis »

Salut PassionA,

Pour le coup je peux partager un peu de mon xp sur le domaine ^^
Je te comprend parfaitement quand tu parles de cette identité "public" à laquelle tu es tenu. Je suis dans le même cas. Mon image sociale ne me permet plus d'être autre chose que le garçon que tout le monde connais. Ma famille me comprendrai pas pour la majorité, mes amis m'ont déjà abandonné depuis bien longtemps pour d'autre raison et niveau pro c'est juste pas imaginable même si je suis dans un milieu assez ouvert. Cependant mon niveau de responsabilité serai mis à mal en cas de transition définitive. Du coup bah je reste chez moi, là où je peux être moi-même autant que possible. De mon coté je suis plus "gender fluid" comme ils disent (je me suis jamais trop intéressé aux étiquettes de genre). Je reste garçon mais parfois je passe carrément fille. Mon seul lieu de liberté totale c'est sur le net car les gens se basent plus sur ce que tu dis/fais que sur la tête qu'ils ont en face.

Ce qui me fait le plus souffrir, et c'est peut-être un peu ton cas aussi, c'est que je ne peux être moi-même à aucun moment dans la "vrai vie". Et je parle pas d'aller travailler avec une jolie robe mais juste d'avoir le comportement que je veux. Non, je ne peux pas être franchement gentille avec quelqu'un sans qu'on me regarde bizarrement. Non, je ne peux pas aider une personne par pur bonté sans qu'on me soupçonne d'avoir une idée derrière la tête. Chaque fois que je veux être prévenante, laisser mon empathie s'exprimer, prendre la main d'une personne qui va mal, .... toutes ces choses qui font de moi quelqu'un de bien (enfin j'ai l'impression), chacun de ces moments me renvoie à ce "problème", cette complication. Il y a trop peu de moment où je peux me permettre d'avoir une réaction naturelle. Je dois contrôler, faire attention, dissimuler. Non, je ne pleurs jamais en public. Non, je ne prend pas dans les bras une personne qui va mal, même quelqu'un de proche. C'est frustrant et usant. Autant ne fréquenter personne, c'est plus simple.

Ayant toujours était très seule j'ai appris à vivre ainsi. Jouer double jeu, tout le temps. C'est dans ce contexte que ma Léonis est naît je pense. J'ai toujours eu ce soucis de genre (depuis mes 6 ans environ). Depuis peu (genre une semaine ^^) j'en viens à penser qu'elle est à la base une réponse de mon asexualité. Pas attirée par les filles mais amoureuse d'elles j'ai dû trouver un moyen d'exprimer ma passion pour elles (à 6 ans c'est pas simple à gérer). Du coup je les approche pas mais je revêt leur apparence pour "décharger" l'attrait, voir la fascination, quelles ont pour moi. Partant de là il m'est possible de présenter cette identité partout où j'ai l'espoir d'être pleinement moi-même, sans retenue. C'est à travers elle que je baisse la garde et me laisse aller. Elle me fait beaucoup de bien et commence à avoir un impacte dans ma vie quotidienne. Depuis un an qu'elle s'exprime sur le net je suis plus audacieuse dans la vie, moins introvertie, plus spontanée. Mais on s'éloigne de tes problématiques.

Pour ma part je gère ça en divisant mes deux comportements de genre. L'un dans la vie quotidienne, l'autre sur le net. La frontière étant perméable quand de bonnes choses doivent passer. Je pense que la seule situation où je pourrais être complète c'est une fois en couple. Avec une personne à mes cotés qui acceptera de voir les deux face de la pièce et avec qui je n'aurai pas à mentir ou dissimuler. A moins de ça je pense pas un jour m'afficher auprès de qui que se soit.

Je sais pas si j'ai été très claire, j'ai construit en allant ^^ C'est bien la première fois de ma vie que livre autant de chose sur moi en asseyant de l'expliquer. J'espère que tu en retireras quelques chose. N'hésite pas si tu as des questions ;)
Je suis non-binaire mais parlez de moi au féminin ça me fera plaisir :mrgreen:
Plus d'explication : Ma présentation
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par Drytos »

Yo ! Ton post m'as agréablement surpris... Ces dernier temps, moi et une autre personne du forum échangeont pas mal sur ce sujet par MP. Iel viendra sûrement témoigner ici s'iel voit aussi ce post ^^

Justement on disait qu'on ne connaissait pas réellement de lieu franßais (type forum) ou pouvoir échanger comme ßa hélas... Mais il y a des groupes facebook qui se sont formé, même si moi je n'y suis pas.

Je me considère aussi comme Agenre et peut-être même neutrois. (Je réfléchis encore là dessus, mais je suis non-binaire dans tous les cas XD). Je suis née assignée fille et depuis ma tendre enfance, on me qualifie de "garßon manqué". Je me suis longtemps "défendue" en disant que c'était le fait d'avoir 3 grand frère mais en réalité ßa me plaisait qu'on m'appelle comme ßa. J'ai à une époque songer en changement de sexe, mais, je ne sais pas, quelque chose ne collait pas... Pourtant je voulais pas être une fille non-plus, alors qu'est-ce qui me dérangerais tant dans le fait de devenir un garßon ?... Après avoir réfléchit à la question, j'ai compris... "je ne suis ni un garßon, ni une fille !" c'est simple comme réponse, et pourtant... Le monde actuel est tellement représenté par la binarité de genre, qu'on a dû mal à comprendre que c'est possible d'être en dehors... D'ailleurs c'est même bizarre cette idée qu'il n'y aurait que blanc ou noir, et pas de nuance...
J'ai été moi-même pris dans le piège qui consiste à confondre le genre et le sexe et c'est ce qui a longtemps brouillé mon jugement.

Mais l'an dernier, je me suis sentie très mal, au point de ne plus supporter la binarité de genre... Quand je sortais je voyais les gens s'habiller, se comporter,... en fille, en garßon, bien délimité... Je voyais les magasins avec les vêtements femmes et les vêtements hommes, les portes monnaies femmes, les porte-monais hommes, les papier cadeau rose pour les filles, bleu pour les garßons... Mon cerveau à fait une surchauffe : fille/garßon, Fille/garßon... Je n'en pouvais plus... C'est la que je me suis souvenue... : Qui veut changer le monde, doit commencer par se changer soit-même... Alors j'ai arrêté de vouloir coller au exigences sociales qu'on me colle d'après mon genre supposé... J'ai essayé de me débarassé de toute la binarité et des préjugés qui pesaient sur moi, et à commencer à me comporter le plus "neutre" possible, des vêtements jusqu'à ma faßon de parler... (j'avais déjà la mauvaise habitude de parler de moi au masculin, peut-être réellement à cause de mes trois grand frère là par contre... Du coup il suffisait que j'aprenne à varié un peu...) . J'avoue que faire ßa m'as fait un bien fou... Mais très vite, je me confronte à de nouveaux problèmes... les critiques biensûres, les remarques blessantes, qui blessent bien plus qu'elles ne devraient parce que sorties de la bouche de vos famille... Ma crédibilité et légitimité que j'essaie de prouver à certains de mes amis... Mais dans l'ensemble, mes amis on plutôt accepté. Après moi, je me soucis vraiment de comment je parait... enfin depuis que je m'afirme vraiment comme tel... Je suis non-binaire et je le sais, mais j'aimerais le paraître aux yeux des autres aussi... Les mademoiselles 50 fois par jours, me sortent par les oreilles... Au final je me met à m'habiller "masculin" pour avoir une apparence aussi neutre que comme je me sens à l'intérieur et tenter de donner du fil à retordre aux gens qui tentent de m'imposer un genre tout innocement. ßa a déjà marché d'ailleurs ! Mais du coup je me prend beaucoup la tête, et je m'avoue moi-même que si je restait tranquillement à ma place de "Fille" j'aurais moins de problèmes et dilemmes au quotidiens. Sauf que je ne veux pas. Je me sens enfin moi-même en non-binaire alors même si ce n'est pas une existence simple, je veux faire avec et me battre pour.

Parce que derrière mon existence de non-binaire il y a aussi la cause que je défend... Celle que les gens ne naissent pas filles ou garßons... Le genre est une construction. Les gens naissent avec certes des sexes différents, mais pour moi ßa devrait être la seule différence... Pour créer la vie on a besoin de deux sexe différents un qui est pénétré et un qui pénétre, point bard. Celà ne signifie pas que le sexe penétré est inférieur, soumis, doit faire la cuisine où je ne sais quoi d'autre... être née avec un vagin n'as jamais signifié aimer le rose, les princesse, les poupées, les robes... Et être né avec un pénis ne signifie pas non plus aimer les voitures, le bleu, le foot, les super-héro, ne pas faire de taches ménagères où je ne sais quoi d'autre... Oui tout ßa ce ne sont que des constructions, et je le vois aujourd'hui si clairement, que ßa m'en parait absurde et ridicule... Au moins, comme je vois à quel point c'est incensé, je n'ai pas du tout honte de moi et m'assume même si je ne répond pas aux codes dit "féminins".
Je sais que ma famille ne comprendrais pas (beaucoup trop dans les traditions tout ßa) donc je n'ai rien dit. Mais j'ai eu des remarques par exemple concernant ma pilosité... Parce que, je cite ma grand-mère et mon père : "une fille avec du poil aux jambes, ce n'est pas beau"... Mais un "garßon" pas de soucis... bien... très bien... c'est complétement arbitraires non ? Ma famille va jusqu'à me reprocher d'avoir mis un collier rose À mon chat qui est un mâle... Mais attendez, il s'en fout lui de la couleur de son collier ! Je voulais un collier avec un espace pour mettre son adresse et le rose était le seul qui restait, c'est tout. Je n'ai pas chercher plus loin, le rose est une couleur, pas une caractéristique intraseque du sexe ! (parce que là oui, c'est carrément au sexe qu'ils rapportent le rose, étant donné qu'il me parrait difficile de parler de genre pour un chat...). Et quand j'essaie de creuser en disant : pourquoi le rose serait une couleurs de fille ? la seul réponse qu'on puisse me donner est : c'est comme ßa... ah bah oui... pourquoi n'y ai-je pas penser plutôt...^^'

Enfin voilà environ pour mon expérience... Il y a beaucoup de choses à dire et qui me traverse l'esprit, donc je m'emporte un peu X) Mais je suis non-binaire et même si c'est pas toujours simple, j'y renoncerais pas ! J'ai enfin trouvé qui j'étais réellement !
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par PassionA »

fiffi a écrit : 22 sept. 2017, 00:11 Je me reconnais un peu dans ce que tu écrits , en fait j' ai une sensibilité qualifiée de féminine et en lisant certains témoignage de femmes , je m' aperçoit que je réagis comme elles .

j' ai déjà lu des témoignages d' hommes disant qu' ils avaient un aspect de leur personnalité féminin et on est d' accord sur un point : ce n' est pas facile à vivre !
Honnêtement, je n'ai pas l'impression d'agir comme un homme ou comme une femme, j'agis juste comme je le ressens sans me poser de question. C'est après qu'on me fait remarquer qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Je ne pourrais pas associer mes comportements à un genre, ça n'a aucun sens pour moi. D'autant qu'il n'y a pas de schéma spécifique et que chaque situation est différente.

En revanche, j'ai nettement préféré mes quelques relations homo justement parce que les mecs avec qui j'étais ne m'ont jamais jugé ni fait aucune remarque déplacée. A la différence des filles que j'ai côtoyé, ils n'attendaient pas de moi que je me comporte en homme - même si je crois que je ne comprendrais jamais ce que ça veut dire. J'ai toujours pu me sentir nettement plus moi-même avec eux, moins jugé. Je ne dirais pas que j'ai pu tomber le masque entièrement, mais je pouvais exprimer plus librement qui je suis. Bon après malheureusement, le reste ça ne fonctionnait pas...

Léonis a écrit : 22 sept. 2017, 00:52 Ce qui me fait le plus souffrir, et c'est peut-être un peu ton cas aussi, c'est que je ne peux être moi-même à aucun moment dans la "vrai vie". Et je parle pas d'aller travailler avec une jolie robe mais juste d'avoir le comportement que je veux. Non, je ne peux pas être franchement gentille avec quelqu'un sans qu'on me regarde bizarrement. Non, je ne peux pas aider une personne par pur bonté sans qu'on me soupçonne d'avoir une idée derrière la tête. Chaque fois que je veux être prévenante, laisser mon empathie s'exprimer, prendre la main d'une personne qui va mal, .... toutes ces choses qui font de moi quelqu'un de bien (enfin j'ai l'impression), chacun de ces moments me renvoie à ce "problème", cette complication. Il y a trop peu de moment où je peux me permettre d'avoir une réaction naturelle. Je dois contrôler, faire attention, dissimuler. Non, je ne pleurs jamais en public. Non, je ne prend pas dans les bras une personne qui va mal, même quelqu'un de proche. C'est frustrant et usant. Autant ne fréquenter personne, c'est plus simple.
Tu arrives bien mieux que moi à exprimer ce qui te tracasse. Je n'ai pas exactement le même soucis que toi dans le sens ou ce que tu dis là, je ne me gène pas pour agir comme je le ressens sur le moment. Non, ce qui me dérange le plus c'est de devoir me présenter comme un homme juste parce que j'en ai le physique. Je veux dire, je peux faire ce que je veux on me traitera toujours comme un monsieur. Même quand je cache mon corps sous des vêtements bien larges et unisexe. On me pose des questions de monsieur, on s'adresse à moi d'une certaine façon et on attend de moi que je me comporte comme un monsieur. Mais je ne suis pas un monsieur. Je dois jouer le rôle d'un monsieur. Ah, c'est compliqué à expliquer !

Ayant toujours était très seule j'ai appris à vivre ainsi. Jouer double jeu, tout le temps. C'est dans ce contexte que ma Léonis est naît je pense. J'ai toujours eu ce soucis de genre (depuis mes 6 ans environ). Depuis peu (genre une semaine ^^) j'en viens à penser qu'elle est à la base une réponse de mon asexualité. Pas attirée par les filles mais amoureuse d'elles j'ai dû trouver un moyen d'exprimer ma passion pour elles (à 6 ans c'est pas simple à gérer). Du coup je les approche pas mais je revêt leur apparence pour "décharger" l'attrait, voir la fascination, quelles ont pour moi. Partant de là il m'est possible de présenter cette identité partout où j'ai l'espoir d'être pleinement moi-même, sans retenue.
Moi je crois juste que je n'ai jamais compris pourquoi mes parents m'ont genré garçon. J'ai toujours trouvé ça complètement arbitraire mais j'ai du m'y conformer par la force des choses. Naturellement dès l'enfance je voulais mettre des jupes ou des robes, juste parce que je trouvais ça joli et que je ne comprenais pas pourquoi les filles pouvaient mettre des pantalons et avoir les cheveux courts mais les garçons ne pouvaient pas mettre des robes ni avoir les cheveux longs. Mais je n'ai jamais eu l'impression d'être une fille. Pas plus qu'un garçon. Je me suis mis à écouter du Heavy Metal dès 8 ans juste parce que les artistes avaient les cheveux très longs et un look androgyne et que je trouvais ça génial qu'ils puissent être comme ça. Alors bref j'ai lutter passivement en choisissant systématiquement le style le plus neutre et unisexe possible. Quand j'ai pu je me suis laissé pousser les cheveux - même si plusieurs fois la pression parentale m'a poussé à devoir me tondre la tête, des évènements que je n'ai jamais vraiment bien pris, comme un rappel que ce n'est pas à moi de choisir à quoi je dois ressembler même en tant qu'adulte.

Drytos a écrit : 22 sept. 2017, 01:06 J'ai à une époque songer en changement de sexe, mais, je ne sais pas, quelque chose ne collait pas... Pourtant je voulais pas être une fille non-plus, alors qu'est-ce qui me dérangerais tant dans le fait de devenir un garßon ?... Après avoir réfléchit à la question, j'ai compris... "je ne suis ni un garßon, ni une fille !" c'est simple comme réponse, et pourtant...
Oui c'est exactement ça. Pareil, ado j'ai pensé aussi au changement de sexe. Mais je ne veux pas être une fille, pas plus qu'un garçon :ignit:

Alors j'ai arrêté de vouloir coller au exigences sociales qu'on me colle d'après mon genre supposé... J'ai essayé de me débarassé de toute la binarité et des préjugés qui pesaient sur moi, et à commencer à me comporter le plus "neutre" possible, des vêtements jusqu'à ma faßon de parler...
Oui, j'aimerais vraiment avoir ce courage de pouvoir encore plus m'exprimer dans la vie de tous les jours mais je crois que tant que je resterais proche physiquement de mes parents je n'y arriverais pas car avec eux il existe en moi un poids trop fort de honte d'être qui je suis vraiment.

Je suis donc neutre au possible mais le neutre est très masculin quand on y pense, surtout que je ne suis pas vraiment du genre à me maquiller ou à faire les boutiques style metrosexuel branché. Du coup pour tout le monde je reste un homme bien banal. Toi en tant qu'AFAB c'est forcément le contraire, si tu veux paraitre neutre, aux yeux de tout le monde tu te travestis en homme...

Parce que derrière mon existence de non-binaire il y a aussi la cause que je défend... Celle que les gens ne naissent pas filles ou garßons... Le genre est une construction. Les gens naissent avec certes des sexes différents, mais pour moi ßa devrait être la seule différence...
Évidemment, je suis entièrement d'accord avec cette vision. D'ailleurs, ce n'est pas nouveau comme raisonnement, comme cela a été traité dans d'autres sujets du forum, mais c'est en train de faire son bonhomme de chemin dans le milieu de la recherche. Moi j'irais un peu plus loin et je pense que beaucoup de nos soucis d'adultes sont liés à la façon dont on a accepté ou été forcé d'accepter notre genre et toute la construction sociale qui va avec, et ce même parmi les personnes n'appartenant pas aux minorités arc-en-ciel.
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par PassionA »

Tiens, pour illustrer mon propos j'ai trouvé ce docu sur la mode genderless au Japon. Non pas que je me retrouve à 100% dans cette mode ou dans une façon particulière de s'habiller, mais par contre ces témoignages me parlent et je suis heureux pour ces personnes qui arrivent à se sentir à l'aise et à s'exprimer à travers leur look. Je ne peux tout de même que penser que ça reste réservé à la jeunesse et son androgynie naturelle, avec l'âge je pense que ça doit devenir nettement plus complexe de se retrouver dans ce genre de look (du moins pour les AMAB) mais je peux me tromper.



Je ne crois pas qu'il soit important en soi de "passer" visuellement pour androgyne, parce qu'au fond même si les autres se trompent sur notre genre cela ne change pas ce qu'on ressent ni qui l'on est. D'ailleurs même androgyne les autres auront bien du mal à nous genrer, puisque c'est une absence de genre. De plus, nous ne sommes pas génétiquement tous égaux de ce point de vue - et le culte d'une certaine beauté adolescente n'est pas complètement hors de propos. Par contre, c'est important que ceux qui en ressentent le désir puissent exprimer leur identité au travers de leur look, et ce à tout âge. Je me sens maintenant un peu trop vieux et avec trop de bagage pour me plonger la dedans, mais si j'étais ado aujourd'hui j'apprécierais cette opportunité à sa juste valeur.
Ramón

Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par Ramón »

De mon côté, je n'ai jamais été ni homme ni femme, dès l'enfance, j'étais terrien au même titre que les plantes, les bactéries et les autres espèces animales. Cela ne m'a jamais quitté, mais par convention j'ai adopté le terme homme cis, histoire de ne pas perturber le discours féministe qui cherche à détailler les constructions sociales séculaires dont nous héritons, et cela parce que des personnes qui gravitent autour de moi, féministes, sont progressivement dépossédées de ce discours par des personnes assignées hommes à la naissance (viol de propriété du mouvement donc, par des personnes socialisées comme des hommes, donc purs produits du modèle dominant).
Mais clairement, agenre c'est ma conception de ma personne. Et mes camarades de jeux étaient des filles essentiellement, mes confidentes idem. Ce n'est qu'à mes 15 ans que j'ai rejeté mon enfance pour me lancer dans la toxicomanie alcoolique, un monde de mecs encore aujourd'hui, et où je me suis lié à des hommes. Pour autant, je reste toujours plus proche des femmes, et plus capable de discourir avec. Le confort viril des autres hommes n'a qu'un côté pratique : "pas de justifications à donner, t'es un mec, t'a pas de problèmes, ou si tu en as, tu les gères seul comme un vrai bonhomme." Ce qui m'a économisé de nombreuses réflexions, très certainement à tort.
J'ajoute à cela que je suis l'aîné d'une famille (j'inclus la cousinerie) catholique et paysanne/minière bien traditionnel, et que donc j'étais désigné pour succéder aux patriarches de ma famille, et de représenter l'autorité bienveillante de la cousinerie et de nos descendants (pour le moment, pas un enfant, je crois que le projet de nos aïeuls a échoué complètement, mon comportement n'y étant probablement pas étranger). Et c'est à cet égard que je me suis construit en opposition, et à partir de mes 15 ans, de manière radicale, inflexible, totale. Avec le lot de violences que je me suis infligé en premier lieu, et à la légitime défense que j'ai opposé à ma famille, à mes enseignants, à mes médecins, à mes employeurs, et au modèle couple-enfants-boulot-propriété (dans l'ordre que l'on veut), modèle que je ne suivrai jamais encore aujourd'hui car au-delà du rejet initial j'ai des arguments moraux et techniques suffisamment solides à lui opposer.

Maintenant, comment je m'en suis sorti ? Plus complexe, plus délicat. J'imagine qu'il y a des tas de convergences en amont, mais le fait est qu'à mes 26 ans, j'ai laissé rentrer une personne dans mon intimité (pour la première fois de manière totale), une personne pour qui j'ai toujours eu du respect et de la sympathie, et qui était une ancienne collègue, et qui avait ses parents dans la même rue que celle des miens. Une personne qui venait d'être brisée après 5 années de couple, violentée, avortée, bref... elle a eu le droit à la totale.
Nous ne nous sommes pas fait tant de bien que ça en apparence, chacun étant tiraillé par sa souffrance avec le besoin d'être écouté et de recevoir de la tendresse affective (aucun de nous deux ne sommes très "physiques", plutôt "froids" selon les autres). Pourtant, nous avons passé de longues nuits à discuter, à attendre que le jour se lève, à passer en revue nos déceptions, nos succès,... ce qu'une personne peut vivre en 26 ans (nous avons quasiment le même âge à quelques jours près). En gros, non seulement nous avions de nombreuses nouvelles informations à comprendre (celles de l'autre), mais en plus nous avions de nombreuses informations sur nous-mêmes que nous avons enfin pu mettre en lumière. C'est douloureux, mais ce n'était pas une douleur aliénante (au passage, elle m'apprend les termes asexuel et sapiosexuel qui mettront 6 ans avant de s'affirmer comme une réalité socio-politique à prendre en compte dans mes rapports aux autres).
Cette relation qui ne devait être qu'estivale s'est un peu prolongée, quelques semaines, sûrement parce que nous nourrissions un espoir vain, qui s'est révélé vain. Séparation donc, douloureuse là aussi, la seule personne qui ait accès aux informations les plus intimes n'est plus là, seul à nouveau. Ce weekend là, je me vide littéralement de mon sang et perd 7kg, je passe les détails. Les envies de suicide reviennent, sauf que ça serait manquer de respect à cette personne, ajouter à ses problèmes (elle l'aurait pris pour elle, et ça non).
A partir de là, ça commence à se décanter. Je n'ai pas le choix, la seule arme que j'ai, celle que l'on m'a enseigné, c'est la virilité. La force morale, la vigueur, le courage,... toutes ces valeurs dont l'objet est de faire progresser l'individu, le prémunir des aléas négatifs, et lui permettre de supporter les difficultés auxquelles il fait face (aparté : voilà pourquoi la virilité n'est pas enseignée qu'à une minorité, c'est bien pour permettre à une minorité de tout surmonter et d'obtenir un leadership "naturel", de convenances, dans la société). J'ai pu vraiment trancher dans le vif, supprimer des comportements toxiques, et des personnes toxiques. Même si ce n'est pas encore complètement accompli.
Dans ce processus, je me suis départi de la masculinité que j'avais adopté pendant ces 11 ans (et j'ai "démasculinisé" la virilité, j'offre ce que je peux de l'éducation virile que j'ai reçu à qui en veut, notamment les amies féministes pour que des femmes s'approprient ce modèle émancipateur pour l'individu, qu'elles puissent concurrencer la virilité masculine), et à part avec mes amies féministes, je suis agenre (autrement je suis bien un homme élevé comme un homme pour devenir un homme avec tout le package couple-enfants-boulot-propriété). Ce qui est pratique, c'est qu'autour de moi, même chez les non-féministes, homme-femme ne veut rien dire, pas plus qu'enfant-adulte. Nous sommes de la même espèce, avec les mêmes organes, avec le même système neurologique,... ne diffère que notre individualité. Et je crois, PassionA, que c'est là le mot le plus important pour moi : individu, étymologiquement "indivisible". Je suis une personne entière et insécable. Je suis mon propre produit, pas le produit de la société ou de la "contrainte sociale". C'est mon cerveau qui fonctionne quand je bouge, quand je pense, pas le cerveau des autres. C'est moi qui choisit mes influences, pas les influences qui me modèlent. Je pense que tu saisis à partir de là.

Je ne sais pas si c'est assez parlant, je peux essayer de reformuler de manière plus succincte (je peux faire un effort) à partir d'objections que tu aurais ;).
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par PassionA »

Mr.Nya, je ne vois pas quelles objections je pourrais avoir à ton témoignage ou à l'expression de ton ressenti. Au contraire, je te remercie de partager ça avec nous.

Quand tu parles ouvertement de ta toxicomanie, je m'y retrouve un peu parce que de mon côté je fais tout pour éviter de tomber dans ce travers même si l'appel est grand par moment. Toutefois quand j'ai ressenti cette dysphorie au plus fort la première fois (vers 17 ans) j'ai cédé aux sirènes des paradis artificiels, à l’échappatoire et à l'engourdissement mental qu'ils proposent. Au final, j'ai réussi a arrêter vers 21 ans quand j'ai pris conscience que ça ne m'aidait pas mais j'ai écopé d'une peine de 10 ans à essayer d'arrêter la cigarette et après ça de crises de boulimie. C'est un autre débat mais une fois qu'on a activé nos neurorécepteurs à la dépendance (sous quelque forme que ce soit), je crains qu'on n'en guérisse jamais.
Ramón

Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par Ramón »

C'était plus une objection par rapport à ta demande initiale, peut-être que je n'y répond pas clairement.
D'ailleurs, je spécifie (je tourne tout seul ^^) : l'individu, l'individualité, c'est là la notion qui m'a permis de pleinement saisir le fait que je suis agenre, et comment l'assimiler. Je ne suis pas un homme, je ne suis pas un adulte, je ne suis même pas asexuel ou aromantique (ou agenre du coup), je suis un individu, une personne que l'on ne peut pas diviser. Ces mots ne sont que des balises, des balises pour "naviguer" (pour reprendre un terme emprunter à la franc-maçonnerie) et tenir le cap que je me suis fixé, vivre émancipé de mes frustrations.
Je crois que c'est mieux dit ainsi.

[HS]Je n'en guérirai pas, clairement. Surtout que j'étais encore en pleine croissance quand j'ai commencé, et qu'autour de moi rares sont les personnes qui ne boivent pas (c'est dans cette communauté violette que j'en connais le plus, d'ailleurs). La seule solution que j'ai, globalement, c'est l'internement le temps d'une désintox, puis de m'isoler de mon environnement social, des bars et des restos. J'y viens, mais mes neurorécepteurs sont bien encrassés comme tu le soulignes, et je ne suis pas certain de supporter cet isolement social, c'est encore trop loin pour me projeter.[/HS]
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par PassionA »

Non mais je conçois ce que tu veux dire. Je n'ai pas ton sens du spirituel mais je ressens en effet intensément cette individualité indivisible, ce côté "je suis juste un être vivant doué de conscience" et le fait que je ne me sente pas à l'aise d'être défini par rapport à des standards qui me semblent artificiels, contextuels, et temporels.

Le truc c'est que pour ma part je ne vois pas ces définitions comme des balises servant à se repérer, mais plutôt comme des bouées de sauvetages pour empêcher les gens de sombrer dans l'océan d'une incertitude terrible. Personnellement, l'incertitude me va bien, j'évolue bien plus à mon aise et en liberté dans ses eaux que sur un radeau de fortune qui me semble trop instable, trop délimité, trop sec. Peut-être que je ressens moins le besoin de me définir par rapport à ces modèles justement parce par nature les seules définitions qui me correspondent sont des absences et des doutes et non des certitudes. C'est surement aussi pour cela que la religion ne m'a jamais intéressé et que je suis athée (encore une définition par absence), car je ne ressens pas le besoin d'être rassuré sur la nature de la mort et d'une existence au delà, pour moi ça ne présente aucun intérêt en dehors de quelques axiomes moraux galvaudés et quelques rites folkloriques. C'est la raison pour laquelle j'aime la science, car elle est fondée intrinsèquement sur le doute et la promesse d'un questionnement éternel.
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par Arianou »

Tous vos témoignages sont intéressants, je pensais pas qu'il y avait autant de monde qui se posait des questions sur le genre.
Je me permet de vous faire partager mon expérience sur le sujet. Je suis transsexuelle (oui j'utilise ce mot, car j'ai changé de sexe). Je ne me considère pas comme agenre ou entre les 2 genres, je suis une femme. Mais par contre je n'ai pas de limite à mon genre, ca m'arrive d'être masculine ou d'être féminine, mais dans ma tête c'est clair je suis une femme.Pendant ma transition, comme ce n'etait pas clair pour tout le monde et que je n'avait pas de papiers à mon nom, j'ai trouvé vraiment tres difficile le fait de vivre entre les 2 genres (et 2 sexes aussi).
Je pense qu'il y a plusieurs lignes avec à chaque extrémité la masculin et le féminin et que l'on est tous entre les 2.
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par clotaire »

Je m'y perds un peu dans ces termes mais vos témoignages sont intéressants. Moi j'ai toujours pensé et souvent dit que j'étais une fille manquée, et je le pense toujours assez facilement. Donc il y a bien quelque chose chez moi qui relève du non-binaire et/ou genderqueer et/ou je ne sais pas quel terme.

Quand j'étais gamin, en primaire en particulier, je me sentais mal à l'aise comme garçon. Je n'avais que des copines ou presque. Je jouais à l'élastique ou à la marelle à la récré, jamais au ballon. J'étais mal à l'aise quand je devais aller au vestiaire avec les garçons et pas avec les filles. etc. Et puis, tout ça c'est quand même passé (un peu) avec le temps. Disons que je me suis habitué, et que j'ai accepté la situation, même si je ne me sens vraiment pas bien viril aujourd'hui. Je ne me sens pas femme non plus. Je suis un homme sur mes papiers et ça ne me dérange pas. Mais dans la tête c'est clair que je suis entre les deux, que je ne supporte pas les clichés de genre ("toi t'es un homme tu peux pas comprendre" "vous les hommes êtes tous comme ça" etc.), que j'ai du mal avec les lieux/activités sans mixité, etc. Tout ce qui m'assigne à mon sexe me met mal à l'aise (ex. "désolé on préfère rester entre filles" ou le "non désolé je cherche une femme" qu'on m'a répondu pour un logement à louer qui me plaisait...).

Pour répondre plus directement à la question "comment le vivez-vous", ben aujourd'hui tranquillement, ça ne m'empêche pas de dormir, il m'a fallu du temps mais j'ai appris à accepter ce que je suis et à l'assumer. En général, quand des choses me titillent dans une conversation (cf. paragraphe précédent), je suis capable de mettre les pieds dans le plat.
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par Lockarius »

Voilà un sujet bien intéressant. Perso cela ne me concerne pas (enfin pas directement), ne me posant pas ce genre de question à titre perso.
Mais c'est très intéressant de vous suivre pour essayer de mieux comprendre, d'autant qu'une amie l'année dernière m'avais demander (sachant que je suis A et hétéroR) si je pensais pouvoir m'attacher à un homme s'identifiant femme (désoler si la terminologie n'est pas la bonne).
J'ai répondu que je n'en savait rien mais que j'espérais avoir l'esprit ouvert si un jour la situation se présentait, et ça ne m'arrive pas souvent de ne pas savoir comment je réagirais à une situation.

Donc ce petit aperçue de la pensée de personnes se posant des questions sur le genre m'éclaire pas mal pour réfléchir sur mes propres réactions, merci.
Et en plus j'ai appris qu'ici aussi c'était plus une histoire de spectre que de tout l'un ou tout l'autre :wink:
Donc double merci
Dernière modification par Lockarius le 22 sept. 2017, 21:46, modifié 1 fois.
Je suis certain que l'Humanité est capable du meilleur.
Reste à passer de la théorie à la pratique...
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par PassionA »

C'est très intéressant ce que dis la personne dans ce docu. C'est certain que beaucoup de choses font qu'on appose sur nous le label masculin/féminin et qu'on ne peut pas trop faire sans. Quoi qu'il en soit, on est masculin-féminin même si on ne se sent ni l'un ni l'autre.

Personnellement, j'accorde assez peu d'importance à mon paraitre parce que je ne me reconnais pas vraiment dans mon corps d'homme et que je ne me vois pas non plus dans un corps de femme. Je me cache sous mes vêtements comme un Nazgûl sous ses robes, parce qu'on fond je me reconnais plus dans ces images fantastiques que dans toute mode moderne. La mode neutre n'existe pas. Je ne peux pas sortir ni aller au travail habillé en robe de Jedi. Même si je veux être neutre, je devrais être le neutre qui est choisi par rapport au masculin-féminin de mon lieu, de mon temps. Et le genderless du docu en est un exemple assez parlant : le beau neutre est l'androgyne. Moi je ne suis pas androgyne, je suis autre.

D'une certaine façon, j'envie un peu les transhommes et transfemmes parce que ce sont des personnes qui savent tellement quelle est leur identité qu'elles sont prête à transformer leur corps, leur papiers, leur vie sociale afin d'être à l'extérieur ce qu'elles sont à l'intérieur - et ça demande un courage incroyable parce qu'il y a 36 raisons de baisser les bras au long du parcours. Je crois que personne ne ressens plus le genre que ceux qui se sentent mal à l'aise dans leur corps. Si c'était une possibilité qui existait vraiment, et si j'en trouvait le courage, peut-être que j'opterai pour une transition vers le neutre et comme certains personnages de science-fiction j'irais même jusqu'à le modifier en profondeur - par-delà le femelle et le mâle (bisous Nietzsche). Mais en le formulant comme ça, j'avoue que ça n'a pas énormément de sens actuellement. Alors j'aimerais déjà juste trouver un espace en dehors de chez moi où je n'ai plus à jouer le rôle d'un monsieur humain et je puisse simplement être moi.
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Re: Non-binaire, Genderqueer, Agenre et Neutrois. Comment le vivez-vous ?

Message par thailog »

Je suis un peu comme clotaire, je me considère un peu comme une "fille manquée". Cela dis je ne suis pas vraiment concerné par le sujet, je n'ai pas de problème d'identité de genre(je me considère comme un homme) mais plutôt d'expression de genre(j'ai des comportements féminins). C'est arrivé qu'on se moque de moi à l'école pour ça et même si aujourd'hui je m'en fou, je crois qu'il y aura toujours une petite parti de moi qui regrette de ne pas être un "vrai mec".

Drytos: "Pour moi l'essentiel c'est de penser mon identité de genre est il y a aussi la cause que je défend... Celle que les gens ne naissent pas filles ou garßons... Le genre est une construction."

Je défend cette cause aussi, je ne crois pas qu'il y est des comportements naturels féminin ou masculin. Je pense que l'idéal serait d'être dans une société sans éducation genrée.
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